DEVANT LE PARLEMENT FEDERAL - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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DEVANT LE PARLEMENT FEDERAL

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CITE DU VATICAN, 23 SEP 2011 (VIS). A 16 h15′ hier, Benoît XVI a quitté la
nonciature pour le Parlement fédéral, où l’a accueilli le Président
M.Norbert Lammert. Après un bref entretien avec les autres titulaires des
charges fédérales, le Président de la République, la Chancelière, les
Présidents des deux chambres et le Président de la Cour constitutionnelle,
il a salué les Présidents des groupes parlementaires. Après le discours
d’accueil du Président du Bundestag, le Saint-Père a pris la parole pour
proposer quelques considérations sur les fondements de l’état de droit
libéral:

« La politique doit être un engagement pour la justice et créer ainsi les
conditions de fond pour la paix… Mais le succès de tout homme politique
est subordonné au critère de la justice, à la volonté de mettre en œuvre le
droit et à l’intelligence du droit. Le succès peut aussi être une séduction,
et ainsi il peut ouvrir la route à la contrefaçon du droit, à la destruction
de la justice… Nous, allemands, savons par expérience que ces paroles ne
sont pas une formule vide. Nous avons fait l’expérience de séparer le
pouvoir du droit, de mettre le pouvoir contre le droit, de fouler aux pieds
le droit, de sorte que l’état était devenu une bande de brigands très
organisée, qui pouvait menacer le monde en le poussant au précipice. Servir
le droit et combattre la domination de l’injustice est et demeure la tâche
fondamentale des responsables politiques », aujourd’hui comme hier. « Il est
évident que dans les questions fondamentales du droit, où est en jeu la
dignité de l’homme et de l’humanité, le principe majoritaire ne suffit
pas… Sur la base de cette conviction, résistants ont combattu le régime
nazi et d’autres régimes totalitaires, rendant ainsi un service au droit et
à l’humanité tout entière. Pour eux, …le droit en vigueur était injuste ».

« Pour le développement du droit et pour le développement de l’humanité, la
prise de position des théologiens chrétiens contre les obligations de droit
envers les divinités, a été cruciale. En se rangeant du côté de la
philosophie, ils ont reconnu que la corrélation raison nature était une
source juridique valable pour tous… Si jusqu’à l’époque des Lumières puis
de la Déclaration des Droits de l’Homme…la question des fondements de la
loi semblait claire, un dramatique changement de la situation est arrivé au
cours du dernier demi siècle. L’idée du droit naturel est aujourd’hui
considérée comme une doctrine catholique plutôt singulière, sur laquelle il
ne vaudrait pas la peine de discuter en dehors du milieu catholique, de
sorte qu’on a presque honte d’en mentionner même seulement le terme. Je
voudrais brièvement indiquer comment cette situation s’est créée… Une
conception positiviste de la nature, qui entend la nature de façon purement
fonctionnelle…ne peut créer aucun pont entre l’Ethos et le droit.. La même
chose vaut aussi pour la raison dans une vision positiviste qui, chez
beaucoup, est considérée comme l’unique vision scientifique. Dans cette
vision, ce qui n’est pas vérifiable ou falsifiable ne rentre pas dans le
domaine de la raison stricte… C’est là une situation dramatique, qui nous
intéresse tous et sur laquelle une discussion publique est nécessaire. Le
but essentiel de ce discours est d’inviter à ce débat ».

Le concept positiviste de nature et de raison, a-t-il poursuivi, comme « la
vision positiviste du monde, est une partie importante de la connaissance et
de la capacité humaine, à laquelle nous ne devons absolument pas renoncer…

Là ou la raison positiviste s’estime comme la seule culture suffisante,
reléguant toutes les autres réalités culturelles à l’état de sous-culture,
elle réduit l’homme, et menace même son humanité. Je le dis justement à
l’Europe, où de larges milieux cherchent à reconnaître seulement le
positivisme comme culture commune et comme fondement commun pour la
formation du droit, alors que toutes les autres convictions et les autres
valeurs de notre culture sont reléguées au rang de sous-culture. Ainsi
l’Europe se place-t-elle, face aux autres cultures, dans une condition de
déficit culturel, tandis que des courants extrémistes et radicaux sont
favorisés ». D’où l’urgence de rendre leur place à la nature et à la
raison… Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec
cohérence… L’homme aussi possède une nature, qu’il doit respecter et qu’il
ne peut manipuler à volonté… L’homme ne se crée pas lui-même, car il est
esprit et volonté, mais aussi nature. Sa volonté est juste lorsqu’il écoute
la nature et la respecte, quand il s’accepte lui-même pour ce qu’il est, et
qu’il accepte qu’il ne s’est pas auto-créé. C’est alors seulement que se
réalise la véritable liberté humaine ».

C’est là que le patrimoine culturel de l’Europe peut « nous venir en aide.
Sur la base de la conviction de l’existence d’un Dieu créateur se sont
développées l’idée des droits de l’homme, l’idée d’égalité de tous les
hommes devant la loi, la connaissance de l’inviolabilité de la dignité
humaine en chaque personne et la conscience de la responsabilité des hommes pour leur agir. Ces connaissances…constituent notre mémoire culturelle.

Ignorer ou considérer celle-ci comme simple passé serait une amputation…
La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et
Rome, de la rencontre entre la foi dans le Dieu d’Israël, la raison
philosophique de la Grèce et la pensée juridique de Rome. Cette triple
rencontre forme l’identité profonde de l’Europe. Dans la conscience de la
responsabilité de l’homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la
dignité inviolable de l’homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des
critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique ».

PV-ALLEMAGNE/
VIS 20110922 (1020)