CITE DU VATICAN, 11 OCT 2010 (VIS). A 16 h 30′, a commencé la deuxième Congrégation générale de l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques. Au cours de cette session cinq rapports ont été présentés par continent.
Le Cardinal Leonardo Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, a présidé la session à laquelle étaient présents 163 Pères synodaux:
AFRIQUE. CARDINAL POLYCARP PENGO, ARCHEVEQUE DE DAR-ES-SALAAM (TANZANIE), PRESIDENT DU SYMPOSIUM DES CONFERENCES EPISCOPALES D’AFRIQUE ET DE MADAGASCAR: « Le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar a un lien intrinsèque avec l’Eglise du Moyen-Orient, surtout avec l’Eglise d’Egypte qui est une partie aussi bien de l’Afrique que du Moyen-Orient… Les chrétiens émigrent du Moyen-Orient à cause de ce qui peut être considéré comme des conditions d’oppression contre la foi chrétienne dans certains pays du Moyen-Orient… Aujourd’hui, aucun chrétien sur les côtes d’Afrique de l’est ne se sent obligé à cacher son identité chrétienne en dépit du fait que l’islam continue à être la religion de la majorité. Ainsi, il n’y a plus aucune nécessité d’avoir des zones de peuplement chrétiennes séparées… Ainsi, une coopération plus étroite entre l’Eglise sub-saharienne et l’Eglise d’Afrique du nord et du Moyen-Orient reste et restera toujours d’une importance primordiale pour la survie de la chrétienté des deux côtés. Le SCEAM est un instrument excellent pour une telle coopération ».
AMERIQUE DU NORD. CARDINAL ROGER MICHAEL MAHONY, ARCHEVEQUE DE LOS ANGELES (ETATS-UNIS): « Tout en reconnaissant leur union avec Rome, les relations inter-ecclésiales devraient être encouragées, non seulement entre les Eglises sui iuris du Moyen-Orient, mais surtout dans la diaspora. En reconnaissant l’hémorragie de chrétiens qui quittent le Moyen-Orient pour l’Europe, l’Australie et les Amériques, nous avons recherché différentes façons de transformer l’émigration en nouvelles chances de soutien à ces chrétiens qui s’installent dans la diaspora… Le plus important défi que nous devons relever concernant nos immigrés, qu’ils s’agissent de catholiques moyen-orientaux ou de catholiques vietnamiens ayant fui leur pays pour le sud de la Californie, ou de Cubains qui ont quitté Cuba pour les côtes de Miami, n’est pas celui de les assister en vivant le mystère de la communion entre et parmi les différents chrétiens et les différentes Eglises chrétiennes. Le défi le plus important est de les aider à répondre à la grâce de porter témoignage à l’Evangile en pardonnant ces ennemis qui, assez souvent, constituent la raison principale de leur éloignement à leur patrie afin de trouver la paix et la justice sur nos côtes ».
ASIE. MGR.ORLANDO B.QUEVEDO, OMI, ARCHEVEQUE DE COTABATO (PHILIPPINES), SECRETAIRE GENERAL DE LA FEDERATION DES CONFERENCES EPISCOPALES D’AFRIQUE: « Nous sommes un petit troupeau en Asie, moins de 3% des plus de trois milliards d’asiatiques. A la lumière du soupçon religieux naissant et de l’extrémisme qui parfois déborde dans la violence et la mort, nous pouvons être sûrement effrayés et timides. Mais nous sommes fortifiés et encouragés par les mots du Seigneur: Ne craint pas petit troupeau… Nous avons à faire face sérieusement aux défis pastoraux en Asie, tels que le phénomène de la migration qui est parfois appelé le nouvel esclavage, l’impact négatif de la globalisation économique et culturelle, le problème du changement climatique, les problèmes de l’extrémisme religieux, de l’injustice et de la violence, de la liberté religieuse, et des problèmes de la biogénétique qui menacent la vie humaine dans le sein maternel et depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ».
EUROPE. CARDINAL PETER ERDO, ARCHEVEQUE DE ESZTERGOM-BUDAPEST (HONGRIE), PRESIDENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE, PRESIDENT DU CONSEIL DES CONFERENCES EPISCOPALES D’EUROPE: « L’Europe est débitrice du Moyen-Orient. Non seulement une multitude d’éléments fondamentaux de notre culture provient de cette région, mais également les premiers missionnaires de notre continent sont arrivés de cette région… En pensant au Moyen-Orient, nous européens, nous devons faire notre examen de conscience. Est-ce que le message de l’Evangile est encore vivant parmi nous, cette bonne nouvelle que nous avons reçue des apôtres? Ou est-ce que l’on ne voit plus dans notre vie cette lumière et cet enthousiasme qui proviennent de la foi en Christ? De nos jours, lorsque des réfugiés et des émigrants chrétiens arrivent en Europe en provenance des différents pays du Moyen-Orient, quelle est notre réaction? Sommes-nous assez attentifs aux causes qui contraignent des milliers, pour ne pas dire des millions, de chrétiens à laisser la terre où habitaient leurs ancêtres depuis presque deux mille ans? Est-ce vrai que notre comportement est responsable aussi de ce qui arrive? Nous sommes confrontés à un grand défi… Savons-nous exprimer d’une manière efficace notre soutien aux chrétiens du Moyen-Orient?.. Les chrétiens qui arrivent du Moyen-Orient frappent à la porte de nos cœurs et réveillent notre conscience chrétienne ».
OCEANIE. MGR.JOHN ATCHERLEY DEW, ARCHEVEQUE DE WELLINGTON (NOUVELLE-ZELANDE), PRESIDENT DE LA FEDERATION DES CONFERENCES EPISCOPALES CATHOLIQUES D’OCEANIE: « En Australie, les deux plus grandes Eglises catholiques orientales sont les maronites et les melkites… De la même façon que ces Eglises catholiques d’Orient, il y a également les Eglises catholiques chaldéenne, syrienne, syro-malabare et copte. Les éparchies maronite, melkite et chaldéenne s’étendent jusqu’en Nouvelle-Zélande, offrant également des services pastoraux et liturgiques à leurs communautés. Le vaste Moyen-Orient est présent en Océanie à travers les migrants et les réfugiés qui ont construit leurs maisons dans la région: les zones de peuplement des juifs européens des premiers jours en Australie et en Nouvelle-Zélande, et aussi bien les réfugiés d’Allemagne des années 1930, et des survivants de la Shoah; les libanais, les palestiniens et les égyptiens; les irakiens, aussi bien chrétiens que musulmans, et encore plus récemment, les réfugiés kurdes en provenance d’Irak, d’Iran et de Turquie. Nos liens historiques sont profondément marqués par la guerre et la paix… Ces liens sont cimentés aujourd’hui à travers la présence de nombreux pèlerins d’Océanie qui visitent la Terre Sainte; à travers la nouvelle implantation de réfugiés, les programmes d’aide au développement de la part de Caritas Internationalis, la présence d’ordres religieux internationaux qui se consacrent au travail d’éducation ou le soutien aux lieux saints ».
AMERIQUE LATINE. MGR.RAYMUNDO DAMASCENO ASSIS, ARCHEVEQUE DE APARECIDA (BRESIL), PRESIDENT DU CONSEIL EPISCOPAL LATINOAMERICAIN: « Dans nos pays latino-américains et des Caraïbes, nous avons de nombreux immigrés, de première et de deuxième génération, venant du Moyen-Orient, qui sont pour la plupart des chrétiens. Nombre d’entre eux sont entrés dans l’Eglise latine et il existe de petits groupes qui disposent de leurs propres éparchies. Nous souhaitons croître encore davantage dans la conscience de notre commune foi catholique et nous approcher plus encore d’une action missionnaire conjointe. En ce moment, nous promouvons dans toutes nos Eglises ce que l’on appelle la Mission continentale, fruit de la Conférence générale d’Aparecida. Pouvoir être unis dans ces efforts d’évangélisation serait un magnifique témoignage. Enfin, nous voulons partager avec vous la préoccupation pour le conflit israélo-palestinien. En cela aussi, nous sommes en communion avec le Saint-Père dans ses efforts visant à trouver une solution au conflit. Que soit rétablie la paix entre ces deux peuples sur la terre de Jésus! ».
Ensuite, et avant la discussion libre à laquelle le Pape était présent, différents pères synodaux sont intervenus. Voici un extrait des discours de deux d’entre eux:
MGR.ELIAS CHACOUR, ARCHEVEQUE MELKITE D’AKKA (ISRAEL): » Au cours des vingt derniers siècles, nos chrétiens de Terre Sainte étaient comme des condamnés et des privilégiés devant partager l’oppression, la persécution et la souffrance avec le Christ… En tant qu’archevêque de la plus grande Eglise catholique de Terre Sainte, l’Eglise catholique melkite, je vous invite avec insistance et j’implore le Saint-Père d’accorder encore plus d’attention aux Pierres vivantes de la Terre Sainte… Nous sommes en Galilée depuis des temps immémoriaux. Maintenant nous sommes en Israël. Nous voulons demeurer là où nous sommes, nous avons plus besoin de votre amitié que de votre argent ».
MGR.BOUTROS MARAYATI, ARCHEVEQUE ARMENIEN D’ALEP (SYRIE): « Si nous voulons que cette assemblée spéciale soit féconde, nous devons penser à une conférence spéciale pour chaque pays, ayant un aspect œcuménique dans le cadre de laquelle discuter des questions selon les situations locales. Indubitablement, les défis sont les mêmes, mais chaque pays a une situation… Au cours des cents dernières années, l’émigration ou la déportation violente ont continué à se vérifier en Orient… Peut-être attendons-nous le jour où le monde comme spectateur et les Eglises occidentales indifférentes observeront sans broncher la mort des chrétiens d’Orient? Malgré les crises et les difficultés qui se présentent à notre vie chrétienne et à nos relations œcuméniques, nous continuons à croire, espérant contre toute espérance ».
SE/ VIS 20101012 (1400)
TROISIEME CONGREGATION GENERALE
CITE DU VATICAN, 12 OCT 2010 (VIS). A 9 h s’est ouverte la troisième Congrégation générale du Synode, en présence du Pape et de 165 Pères synodaux. Le Président de la session était SB Ignace Youssef III Younan, Patriarche d’Antioche des Syriens (Liban) et chef du Synode de l’Eglise syro-catholique.
P.DAVID NEUHAUS, SJ, VICAIRE DU PATRIARCAT LATIN DE JERUSALEM POUR LA PASTORALE DES CATHOLIQUES DE LANGUE HEBRAIQUE: « L’hébreu est également la langue de l’Eglise catholique au Moyen-Orient. Des centaines de catholiques israéliens expriment tous les aspects de leur vie en hébreu, inculturant leur foi au sein d’une société qui est définie par la tradition hébraïque… Aujourd’hui, le vicariat de langue hébraïque doit affronter un profond défi… à la recherche de voies pouvant servir de pont entre l’Eglise, parlant surtout l’arabe, et la société israélienne hébraïque, afin de promouvoir aussi bien l’enseignement du respect pour les peuples de l’Ancienne Alliance qu’une sensibilité au cri de justice et de paix pour les juifs et les Palestiniens. Ensemble, les catholiques parlant l’arabe et ceux parlant l’hébreu doivent témoigner et travailler en communion pour l’Eglise dans la terre où elle a vu le jour ».
MGR.LOUIS SAKO, ARCHEVEQUE CHALDEEN DE KIRKUK (IRAK), ADMINISTRATEUR PATRIARCAL DE SULAIMANIYA: « L’exode mortel qui afflige nos Eglises ne pourra guère être évité. L’émigration est le plus grand défi qui menace notre présence. Les chiffres sont inquiétants. Les Eglises orientales, mais aussi l’Eglise universelle, doivent prendre leurs responsabilités et faire, avec la communauté internationale et les autorités locales, des choix communs qui respectent la dignité de la personne humaine. Des choix qui devront se baser sur l’égalité et la pleine citoyenneté, comportant des engagements de partenariat et de protection. La force d’un Etat doit se baser sur sa crédibilité dans l’application des lois au service des citoyens, sans discrimination entre majorité et minorité. Nous voulons vivre en paix et en liberté, et non pas survivre ».
MGR.YOUSSEF BECHARA, ARCHEVEQUE MARONITE D’ANTELIAS (LIBAN): « Etant donné que la majorité écrasante des pays du Moyen-Orient est musulmane et refuse donc la laïcité, il serait préférable, pour notre synode, d’utiliser, à la place, le terme de citoyenneté ou d’état civique. Car c’est un terme qui est plus admis et comprend les mêmes réalités… Mais pour que la réalité de la citoyenneté soit admise, généralisée et intégrée au niveau des constitutions et surtout des mentalités, un double travail est requis: au niveau de la société populaire, les moyens de communication sociale peuvent être d’un grand secours. Car, il s’agit d’ancrer dans les masses les notions que comporte la citoyenneté, surtout l’égalité de tous et l’acceptation de la diversité religieuse et culturelle. Au niveau éducatif…la citoyenneté peut être nourrie tout au long des années de formation. Un travail d’épuration s’impose au niveau des programmes pour en éliminer les discriminations. Ce double travail s’impose si on veut dépasser le niveau des élites pour qui la citoyenneté, le dialogue et même la liberté sont admis, pour pouvoir atteindre les masses qui peuvent être manipulées et verser dans tout genre d’extrémisme ».
MGR.SALIM SAYEGH, VICAIRE DU PATRIARCAT LATIN DE JERUSALEM POUR LA JORDANIE: « Parmi les problèmes que rencontre l’Eglise au Moyen-Orient, il faudrait mentionner celui des sectes, qui provoquent une grande confusion doctrinale… Que faire pour garder le dépôt de la foi et limiter leur influence croissante?.. Les curés et les pasteurs d’âmes sont priés avec insistance, de visiter les familles et de prendre leur part de responsabilité pour expliquer, défendre, semer, vivre et aider à vivre la foi catholique. S’occuper sérieusement de la formation chrétienne des adultes… Sensibiliser les écoles catholiques à leur mission… Avoir le courage de réviser les livres de catéchisme pour qu’ils expriment clairement la foi et la doctrine de l’Eglise catholique ».
MGR.VINCENT LANDEL, SCI, ARCHEVEQUE DE RABAT (MAROC), PRESIDENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE REGIONALE D’AFRIQUE SEPTENTRIONALE: « Notre responsabilité d’Eglise est d’aider ces chrétiens à accepter de rentrer, avec leurs amis musulmans…dans une humble attitude de confiance envers l’autre différent… Notre responsabilité d’Eglise est d’aider ces chrétiens de passage à mieux comprendre que l’on peut vivre sa foi chrétienne avec joie et passion, dans une société totalement musulmane. Cela les aidera à revenir dans leur pays avec un autre regard sur les musulmans qu’ils rencontreront, et à détruire des a priori qui risquent de pourrir le monde ».
MGR.PAUL YOUSSEF MATAR, ARCHEVEQUE MARONITE DE BEYROUTH (LIBAN): « La responsabilité des puissances occidentales: celles-ci ont commis des injustices et des erreurs historiques à l’encontre du Moyen-Orient. Elles devraient aussi les réparer en levant ces injustices dont souffrent des peuples entiers, surtout le peuple palestinien. Les chrétiens de cette région qui étaient injustement identifiés à eux, bénéficieraient de ces réparations grâce à une cohésion avec leurs frères… La responsabilité des chrétiens occidentaux et du monde: solidaires de leurs frères du Moyen-Orient, les chrétiens occidentaux et du monde doivent connaître davantage leurs frères du Moyen-Orient pour être mieux solidaires de leurs causes. Ils doivent aussi exercer une pression sur l’opinion publique chez eux comme sur leurs gouvernants pour rétablir la justice dans les relations avec le Moyen-Orient et l’islam, et aider à libérer le monde du fondamentalisme et le conduire à la modération ».
SE/ VIS 20101012 (860)