Deux plumes pour démasquer l’Antéchrist - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Deux plumes pour démasquer l’Antéchrist

Deux romans chrétiens plus que centenaires ont imaginé à quoi pourrait ressembler le monde gouverné par l’Antéchrist. Ils restent d’une grande actualité.
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La prédication de l’Antéchrist, 1499-1504, détail de la fresque de Luca Signorelli dans la cathédrale d’Orvieto (Italie). Le Diable, à droite de l’Antéchrist, lui parle à l’oreille.

La prédication de l’Antéchrist, 1499-1504, détail de la fresque de Luca Signorelli dans la cathédrale d’Orvieto (Italie). Le Diable, à droite de l’Antéchrist, lui parle à l’oreille.

© Kimon Berlin – CC by-sa

Deux romans chrétiens plus que centenaires ont imaginé à quoi pourrait ressembler le monde gouverné par l’Antéchrist. Ils restent d’une grande actualité.

Avec l’empressement d’un homme sentant ses forces décliner, c’est d’abord Vladimir Soloviev qui prend la plume et publie, en 1899, Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, suivis du Court récit sur l’Antéchrist. Paru quelques mois avant sa mort, l’ouvrage se veut une réaction à la diffusion, dans la société russe de l’époque, de deux idéologies considérées comme mortifères par Soloviev : la non-résistance au mal et le christianisme désincarné de Léon Tolstoï d’un côté, et le « surhomme » nietzschéen de l’autre.

La fausse paix

C’est justement d’un surhomme dont il est question dans ce Court récit : pacifiste, âgé de 33 ans – premier indice sur sa véritable identité –, le virtuose se pare de tous les atouts du monde. « Grand penseur », « écrivain » et « homme public », il exerce une irrésistible séduction envers ceux qu’il croise. Soloviev ne tarde pas à le démasquer : « Il croyait en Dieu ; mais du fond de son cœur il ne pouvait s’empêcher de se préférer à Lui. » Semblable à l’orgueil qui précipita les anges déchus, l’orgueil de l’Antéchrist prétend corriger le Christ : apporter au monde la « paix » plutôt que le « glaive », une justice de « répartition » plutôt que de « rétribution »« [Le Christ] a menacé la Terre du Jugement dernier », lance l’Antéchrist, « mais le juge dernier, ce sera moi ». Son orgueil l’amène à nier la résurrection du Christ et à se laisser tout entier manipuler par le Diable pour devenir, littéralement, le roi du monde. Prêchant la paix universelle, il obtient l’adhésion de la plupart des chrétiens et seule une minorité reste fidèle à leur foi. Alors que tout semble perdu, un signe grandiose apparaît dans le ciel : une femme, vêtue de soleil, avec la lune sous ses pieds et la tête couronnée d’étoiles, telle que décrite par saint Jean dans l’Apocalypse (12, 1) et que la Tradition tient pour être la Vierge Marie.

Tonalité prophétique

À ce récit très imagé, étonnamment pertinent à notre époque dans sa description d’une idéologie antichrétienne progressant avec l’assurance des bons sentiments, Soloviev donne une tonalité non pas fantaisiste, mais prophétique. Dans les dernières lignes, il affirme : « Le drame historique est achevé, il ne reste qu’un épilogue qui […] peut durer cinq actes. Mais la teneur en est au fond connue d’avance. » Pour le Russe, l’ascension puis le règne de l’Antéchrist avant sa fin inéluctable, qui prend la forme d’un éclair ouvrant le ciel « de l’Orient à l’Occident » et d’où descend le Christ revêtu des habits royaux et portant les plaies de la Croix, sont le véritable « dénouement du processus historique ». Loin d’être une fable, le règne de l’Antéchrist est chez Soloviev la conclusion rationnelle et inéluctable de l’histoire humaine, dont l’achèvement ultime reste la Parousie : le retour du Christ en gloire.

Recommandé par les papes

Paru huit ans après l’ouvrage de Soloviev, Le Maître de la terre (1907) de Mgr Robert Hugh Benson, consacré lui aussi à la venue de l’Antéchrist, tient une place de choix dans la littérature apocalyptique catholique. Peu de romans peuvent en effet se targuer d’être recommandés à la lecture par le pape lui-même. Et encore moins par deux papes successifs ! « Le Maître de la terre est une de mes lectures préférées. […] En le lisant, vous comprendrez le drame de la colonisation idéologique », a expliqué le pape François tandis qu’avant lui, Benoît XVI évoquait la lecture de l’ouvrage comme ayant été « un fait de grande importance pour [lui] ».

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