Deux logiques politiques - France Catholique
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Deux logiques politiques

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Les politologues sont, ces temps-ci, en plein labeur, pour redéfinir les nouvelles données de notre scène publique. L’incontestable montée en force du Front national et de Marine Le Pen, sensible dans tous les sondages, bouleverse le paysage et oblige tous les partenaires, quels qu’ils soient, à se définir par rapport à un phénomène qui les déconcerte. Tous les électorats sont touchés.

On l’a vu lors des dernières élections législatives partielles : au second tour, nombre d’électeurs socialistes ont reporté leurs suffrages sur le candidat frontiste, ce dernier faisant presque jeu égal avec le candidat de droite resté en lice. Dominique Reynié, dans un article du Figaro, déclare que « tous les ingrédients d’un nouveau 21-Avril sont réunis ». La mésaventure de Lionel Jospin en 2002 risque de se reproduire.

On sait aussi que la formule désormais fameuse de François Fillon, qui exclut la discipline du front républicain, a eu un effet de tornade sur la classe politique. Deux facteurs favorisent les thématiques de Marine Le Pen : la crise économique et l’insécurité, l’un et l’autre se combinant pour créer un climat de tension et de crainte. Ainsi se dessine ce qui sera sans aucun doute au cœur du débat des élections municipales et européennes. Le même politologue s’interroge sur la façon dont le parti socialiste parviendra à contrer le reproche de laxisme que Christiane Taubira suscite par ses projets législatifs, violemment dénoncés à droite.

Paradoxalement, le grand mouvement d’opposition qu’a suscité la même Christiane Taubira, à propos du mariage homosexuel, s’inscrit dans une tout autre logique, que l’on pourrait définir comme morale. Et en dépit de la vigueur des manifestations gigantesques que l’on sait, on ne trouve pas exactement le même climat populiste et sécuritaire qui domine la compétition des partis. C’est comme si une autre sémantique, une autre façon d’envisager le bien commun étaient en train de s’affirmer. Est-ce à l’horizon une mutation très caractéristique qui s’annonce, avec laquelle les politologues devront aussi compter ?

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 19 septembre 2013.