Deux drames de l’Algérie française, vus par les Anglo-Saxons. Sétif, 8 mai 1945 – Alger, rue d’Isly, 26 mars 1962. - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Deux drames de l’Algérie française, vus par les Anglo-Saxons. Sétif, 8 mai 1945 – Alger, rue d’Isly, 26 mars 1962.

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* de Bernard Alis.

B.A.T. 2006, 103 pages.

Bernard Alis publie les documents qu’il avait communiqués à Francine Dessaigne quand elle écrivait ses ouvrages sur le 8 mai à Sétif et le 26 juillet rue d’Isly.

Les articles des journaux anglais et américains sur la fusillade du 26 avril présentent des vues contradictoires. Ils observent à la fois la retenue des musulmans et les premiers enlèvements d’Européens. Le Daily Express estime que les accords d’Evian sont la meilleure garantie obtenue par une minorité, mais qu’ils sont inadaptés au cas des musulmans fidèles à la France ; le terrorisme musulman est attribué au MNA, qui serait en accord avec l’OAS. Rue d’Isly, le Times fait état d’une pétarade de coups de feu tirés des balcons par des civils.

S’agissant de Sétif-Guelma, les rapports de l’OSS et du JICA britannique montrent une certaine méconnaissance des lieux géographiques (Kennata, Tekenna, Teber, oued Renati, aérodrome d’Alma). Ils font état de villages totalement détruits et de répressions massives dans des localités où elles ont été limitées (Ain Abessa, Zeraia, Ain M’lila, Bougie, el Achir). On a donc certains doutes sur la qualité des sources. Le chiffre estimé de 17.000 morts est malheureusement repris par des historiens algériens.

Le lieutenant W.A. Smith cite en revanche l’estimation du général Tubert de 3 à 4.000 tués ; le major Rice fait le décompte de 300 sorties aériennes et note que les bombardements n’ont produit aucun entonnoir de bombe visible ; 100 B26 ont transféré à Alger 1.200 FFI de la région de Cognac ; Rice ignore cependant que ces hommes ont refusé d’être engagés dans les opérations de rétablissement de l’ordre.

Maurice Faivre


Message important pour les historiens et journalistes destinataires.
La Commission française d’Histoire militaire (CFHM) a demandé aux historiens compétents
de faire le point sur les manifestations du 8 mai 1945 à Sétif.
Le professeur Guy Pervillé a adressé à des personnalités de l’Elysée et du ministère de la Défense
une relation détaillée des faits, qui est résumée dans le communiqué ci-joint par quatre historiens (P.J.).
Il est demandé aux historiens de co-signer ce communiqué avant le 8 mai et aux journalistes de le diffuser.
Le même message a été adressé aux dirigeants d’associations.
Maurice Faivre, président la CFHM.

A propos du 8 mai 1945 à Sétif

Le Conseil de Paris a voté une motion qui soutient que « la très grande majorité des historiens français » ayant écrit sur la répression de l’insurrection du 8 mai 1945 « atteste d’un bilan de dizaines de milliers de victimes arrêtées, torturées et exécutées sommairement». Les historiens et chercheurs ne peuvent consentir à se laisser ainsi utiliser à l’appui de manœuvres politico-mémorielles.

Nous demandons que les élus et les gouvernants acceptent de lire ce que les historiens disent de ces événements. Qu’ils lisent donc Charles-André Julien, Charles-Robert Ageron, Mohammed Harbi, Annie Rey-Goldzeiguer, Bernard Lugan, Jean Monneret, Gilbert Meynier, Roger Benmebarek, Guy Pervillé, Jean-Pierre Peyroulou, Roger Vétillard…

Ils sauraient alors que l’explosion de violence de mai 1945 avait pour origine un projet d’insurrection nationaliste (Harbi, Rey-Goldzeiguer) dans le but d’installer dans une « zone libérée » un gouvernement provisoire algérien présidé par Messali Hadj principal dirigeant du Parti du Peuple Algérien. Ce gouvernement devait siéger à la ferme Maïza près de Sétif (Benmebarek, Vétillard). Mais l’évasion ratée de Messali qui était en résidence surveillée à Reibell et son transfert à Brazzaville ont modifié ces plans.

L’émeute de Sétif n’est pas due à l’indignation provoquée parmi les manifestants par la mort du porte-drapeau Saâl Bouzid mais à une véritable insurrection armée qui a fait 23 morts et 80 blessés européens à Sétif dont le régisseur du marché Gaston Gourlier tué 2 heures avant le début de la manifestation (Vétillard) et d’autres par armes à feu dans les minutes qui ont suivi les altercations entre forces de l’ordre et manifestants. Les forces de l’ordre interviennent et ramènent le calme en moins de 2 heures : 35 manifestants sont tués, des dizaines sont blessés.

Au même moment, et dans plusieurs endroits, parfois sans lien évident avec la manifestation de Sétif, d’autres soulèvements ont lieu dans une vingtaine de localités de la région (Périgotville, Chevreul, Kerrata, Lafayette, Sillègue, El Ouricia…) : plus de 60 Européens sont tués.

A Guelma, la manifestation interdite débute à 18 heures et se heurte aux forces de police. Le porte-drapeau est tué, plusieurs manifestants, 2 policiers et 1 gendarme sont blessés. Le lendemain, dans une dizaine de villages de la région, les Européens sont agressés. Il y aura 12 morts et 2 blessés. Le sous-préfet met en place une milice civile car l’armée ne participe pas au maintien de l’ordre. Ce sont les agissements de cette milice dans les jours qui suivent qui sont présentés depuis 70 ans par la propagande du PPA comme le parangon de la répression de ces journées de mai 1945. Une milice n’a été organisée que dans 5 autres localités. A Constantine, Bône, Djidjelli et El Milia, elles ne sont pas intervenues et n’ont commis aucune exaction. A Saint-Arnaud, des rumeurs accusatrices la concernant ont été entendues, mais aucune preuve ne peut être retenue.

La répression ne débute que le 9 mai. Elle concerne les communes où les Européens ont été visés. Elle sera démesurée, conduite par l’armée et également par la milice civile de Guelma (Peyroulou, Vétillard). Les effectifs de la police nationale à Sétif ne sont que de 40 hommes. Dans les villages la police et l’armée sont absentes, les gendarmeries ne sont représentées que par 3 ou 4 hommes à Kerrata, Chevreul et Lafayette. Des renforts arrivent du Maroc, de Tunisie et d’Alger : 10000 hommes sont déployés dans le Constantinois mais seulement 3700 dans la subdivision de Sétif, la plus vaste (sa surface est l’équivalent de 2 départements métropolitains), le plus montagneuse et la plus touchée.

Et il faut bien conclure que la propagande diffusée depuis 70 ans par le PPA, puis par le FLN, et relancée en mai 1990 par la Fondation du 8 mai 1945, a toujours déformé la réalité des faits historiques en escamotant cette insurrection pour ne parler que de la répression qu’elle a engendrée et pour majorer inconsidérément le nombre des victimes que les historiens déjà cités et bien d’autres évaluent entre 3000 et 8000.

Les médias semblent avoir oublié qu’en 1945 le Parti communiste qui participait alors au gouvernement de la France dirigé par le général De Gaulle, a lancé un appel à la répression comme en témoigne un tract distribué le 12 mai en Algérie dans lequel il demandait de « passer par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute. Il ne s’agit pas de vengeance, ni de représailles. Il s’agit de mesures de justice. Il s’agit de mesures de sécurité pour le pays » ?

Ce qui s’est passé en Algérie en mai 1945 est donc bien connu des historiens et très éloigné de l’histoire officielle algérienne complaisamment relayée par la classe politico-médiatique qui pourtant déclare qu’il faut laisser les historiens travailler sur les épisodes de la présence française en Algérie mais qui ne se soucie guère de connaître les résultats de leurs travaux..

François Cochet Maurice Faivre Guy Pervillé Roger Vétillard