Destruction du Catholicisme en Amérique : méthode éprouvée. - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Destruction du Catholicisme en Amérique : méthode éprouvée.

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Puis-je respectueusement recommander d’étudier le protestantisme ”libéral” aux États-Unis ? On découvrira vite que les catholiques de gauche suivent à présent la voie tracée précédemment par les protestants — précisément une voie destructrice.

On ne peut guère blâmer les protestants de jadis pour ce qu’ils commirent, ils ne savaient pas où les mènerait ce chemin. Ils étaient des pionniers, ils traçaient une piste dans la brousse religieuse. Ils craignaient que la Chrétienté cesse d’être compréhensible ; que s’ils ne modernisaient pas leur religion en renonçant à certaines doctrines démodées, hommes et femmes actuels ne pourraient accepter plus longtemps d’être chrétiens.

Et c’est ainsi que moderniser la Chrétienté, au moins si pour ce faire on dépasse certaines bornes, c’est la détruire. Voyez les diverses obédiences Protestantes à tendance ”libérale” à présent. Toutes voient se réduire le nombre de leurs fidèles. Toutes ont perdu beaucoup de ce qui fut leur influence sociale primordiale.

Mais les catholiques de gauche n’ont pas d’excuse Ils ne peuvent pas prétendre « Nous ne savions pas où notre inflexion à gauche entraînerait l’Église. » Car ils ont assisté au précédent, sous leurs yeux, de l’inflexion gauchiste du protestantisme. Leur ignorance peut être dominée — elle est coupable.

Les chrétiens ”libéraux”, à commencer par les unitariens de Boston vers la fin du XVIIème – début du XVIIIème siècles, prétendaient ”améliorer” le christianisme selon un même schéma. Le schéma ? Tenter de mêler ce qui vous semble l’essentiel du christianisme avec l’idéal de l’anti-christianisme au goût du jour. Cette synthèse, moitié chrétienne et moitié anti-chrétienne n’aura, bien sûr, aucune cohérence, mais semblera excellente lors de sa conception.

Pour la génération suivant la Révolution américaine, la forme en vogue de l’anti-christianisme résidait dans le déisme. Ainsi, les unitairiens de Boston déclaraient : « Alors que le déisme a complètement tort dans son rejet du christianisme, il faut reconnaître aux déistes certains arguments fort valables. Ainsi, rejetons la Trinité, la divinité du Christ et le péché originel. Nous aurons alors un christianisme purifié. »

Après la guerre de Sécession, la forme à la mode d’anti-christianisme consistait en une triple menace : -1- l’agnosticisme -2- la théorie de l’évolution -3- une critique accentuée de la Bible. Les protestants ”de gauche” réagirent en devenant quasi-agnostiques, prétendant que la Chrétienté concerne bien davantage la morale que la connaissance : la doctrine n’a qu’une importance mineure.

Ils devinrent évolutionnistes, soutenant non seulement que les espèces ont évolué (sous l’autorité divine) mais que la religion elle-même a évolué, la Chrétienté n’en étant que la forme la plus récente, et qu’il faut nous attendre encore à une évolution à venir. Quant à la Bible… eh bien, elle regorge d’erreurs, mais c’est encore un excellent livre à consulter.

Au cours des années 1960 – 1970, la forme courante d’anti-christianisme fut la révolution sexuelle — rejet intégral de la morale sexuelle traditionnelle de la chrétienté, et, en découlant, rejet de pratiquement tout le reste de l’enseignement chrétien ; en effet, si la Chrétienté avait persévéré dans l’erreur à propos du sexe au cours des siècles, ne s’était-elle vraisemblablement pas aussi trompée sur presque toutes les autres questions ?

Comme d’habitude, les protestants ”libéraux” répondirent en mêlant le christianisme (ce qui en restait) avec cette sorte d’anti-christianisme, prétendant que le christianisme convenablement compris était parfaitement compatible avec la fornication, l’homosexualité et l’avortement.

Les penseurs protestants gauchistes me font penser à certains Juges de la Cour Suprême. Leur dernière ”trouvaille” : des textes de la Constitution qui n’y figurent pas (par exemple, droit à l’avortement, ou au mariage homosexuel). Autres ”découvertes”, des textes ”bibliques” qui ne figurent pas dans la Bible. Ils prétendent que la Bible convenablement interprétée incite à une remise à plat de la religion et de la morale.

C’est un peu comme si la leçon principale de la Bible était : « Ne prenez pas trop au sérieux l’enseignement de la Bible ». En fait, évidemment, ce n’est pas dans la Bible qu’ils découvrent ces nouvelles ”vérités”, mais dans l’anti-christianisme qui trouve son épanouissement à l’époque, essentiellement lorsque certains Protestants allemands ”découvrirent” — mirabile dictu [ô merveille ! ] —, vers 1930, que la Bible justifiait le nazisme.

Quiconque un peu familier avec l’histoire de la modernisation du Protestantisme trouvera une similitude avec ce qui advient à présent chez nombre de catholiques. Il est vrai que le catholiques n’avancent en ce sens qu’à petits pas, et ceci pour différentes raisons.

D’une part, ils sont entrés dans le jeu bien après les Protestants. Ensuite, l’Église Catholique romaine est encore assistée d’évêques chargés d’autorité, même si certains d’entre eux sont réticents ou incapables d’exercer leur autorité. Enfin, le Credo ”Symbole de Nicée” est encore dit lors de la Messe, barrière au rejet total de l’orthodoxie.

La morale catholique orthodoxe, particulièrement en matière sexuelle, ne figure pas dans le Credo. On peut donc y échapper en trois mouvements.

N°1 : silence. On n’en parle pas, ou alors, très rarement. Les dirigeants catholiques sont, pour la plupart, réticents de nos jours à aborder la doctrine Catholique dans le domaine de la sexualité. En certains cas, ils n’y croient guère, mais en général c’est par crainte de choquer les fidèles à l’église. En abordant la question du comportement sexuel ”gay” ou ”lesbiennes”, nos dirigeants savent que l’opinion publique considère de plus en plus comme inacceptable — Non-Américain ou anti-chrétien — de réprouver la sodomie homosexuelle.

N°2 : rectifiez le vieux dicton « déteste le péché, aime le pécheur ». Au lieu de quoi vous aimez tant le pécheur que vous êtes réticent à citer le péché, ce qui ferait de la peine au pécheur bien-aimé et serait donc, n’est-ce pas, un péché contre la charité chrétienne. L’exemple le plus flagrant à présent se trouve dans le petit livre du Père James Martin, S.J., ”Building a Bridge” [Construisons un pont]. Le père Martin nous dit être totalement orthodoxe. Je ne doute pas de sa sincérité, mais, ayant étudié l’histoire du protestantisme ”libéral”, je sais où pourraient nous mener, quelles qu’elles soient, les intentions du Père Martin.

N°3 : prétendez que l’Église finira bien, dans 50 ou 100 ans, par adopter votre opinion. Votre apparente hérésie n’est qu’orthodoxie prématurée.
Voilà une bonne méthode historiquement éprouvée pour détruire la religion catholique en Amérique.

8 octobre 2017.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/10/06/how-to-destroy-catholicism-in-america/

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Illustration : La Bible de Thomas Jefferson, « couper – coller”