Benoît XVI était à Palerme, en Sicile, dimanche. L’évènement n’a été suivi qu’en Italie. Pourtant, il avait une dimension internationale. D’abord, il y avait énormément de monde à la messe le matin sur le Foro Italico. Deux cent cinquante mille personnes selon l’agence italienne, Ansa, qui est l’équivalent de notre AFP. Pourquoi donc le site de l’Express n’annonçait-il que trente mille personnes? Je sais bien que la querelle des chiffres n’est pas seulement une affaire française. Mais il y a comme cela des petites énigmes qui sont révélatrices d’un certain inconscient médiatique. Et si nous passons du site de l’Express à celui du Point, surgit une autre surprise. Plus qu’une surprise. Flaubert avait inventé un joli mot pour qualifier ce genre de bévue: Hénaurmité.
Oui, c’est une belle énormité que de prétendre que le Saint-Père aurait pudiquement évoqué la mafia et ses crimes, sans jamais osé nommer explicitement l’organisation criminelle. C’est tout simplement une contre-vérité. Benoît XVI a parlé de la mafia aux jeunes siciliens dans la soirée et il n’a cessé d’en parler durant tout son séjour à Palerme. A la cathédrale, devant les prêtres et les séminaristes, il a exalté la mémoire de Don Pino Puglisi, ce curé de quartier assassiné en 1993, pour avoir refusé de céder aux menaces de la Cosa Nostra, et d’ailleurs en voie de béatification. Avant de quitter la Sicile, Benoît XVI a tenu à poser un geste extrêmement symbolique. Il s’est arrêté à l’endroit précis où avaient été assassinés le juge Falcone, son épouse et trois gardes du corps par la même mafia. Il a déposé une gerbe de fleurs auprès de la stèle commémorative et prié pour toutes les victimes de l’entreprise criminelle. Alors il ne faut pas se moquer du monde, aussi bien à l’Express qu’à l’agence Reuters qui semble être à l’origine de la désinformation. La vérité l’emportera toujours sur le mensonge.
Chronique lue le 5 octobre sur Radio Notre-Dame