Des réquisitions, une juste mesure ou une décision juste décalée - France Catholique
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Des réquisitions, une juste mesure ou une décision juste décalée

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Une maman et son enfant âgé d’un an, malade – un malheur n’arrivant jamais seul – a fait l’objet d’une procédure d’expulsion alors même qu’elle bénéficiait d’un logement DALO. Le berceau de cet enfant et l’abri de cette mère sont désormais la montée de l’escalier de l’immeuble qu’elle habitait.

La baisse du thermomètre fait monter nos incompréhensions, observant que l’indifférence demeure, l’indignation l’emportant une nouvelle fois sur la mobilisation, sauf à considérer que la procédure de réquisition annoncée par Mme Cécile Duflot est une mesure mobilisatrice, mais l’est-elle vraiment.

La réquisition est née d’une ordonnance du 11 octobre 1945 pour lutter contre le mal logement.

Le texte, toujours d’actualité, qui s’est avéré singulièrement inefficace, a été utilisé par deux fois en :

· 1995 par le Président Jacques Chirac,

· 2011 par Marie-Noëlle Lienemann, Secrétaire d’Etat au Logement dans le gouvernement de Lionel Jospin.

Ces mesures ont concerné 700 logements dont 500 étaient la propriété de personnes morales qui au terme de 5 ans ont retrouvé la disposition de leur bien, les 160 autres ayant fait l’objet d’une acquisition par des bailleurs sociaux.

Dans « la boîte à outils » des mesures possibles pour lutter contre le mal logement, la réquisition est moralement juste : comment accepter que des hommes et des femmes ne trouvent pas de toit mais pour autant elle ne se trouve pas ajustée à l’ampleur du drame à l’égard duquel trop de personnes sont confrontées.

Plus de 2 millions de logements seraient vacants, mais où sont-ils situés ? Retenons un chiffre plus modeste et plus crédible de 400 000 dans les 8 premières agglomérations françaises au sein desquelles la crise du logement est la plus prégnante.

Nombre de ces logements ne trouvent pas preneur pour ne point être en état, les propriétaires, parfois âgés, se trouvent en difficulté pour faire face aux investissements. Des successions sont aussi en souffrance si bien que la disponibilité des appartements est plus réduite qu’on ne l’évalue, même si elle existe. Habitat et Humanisme s’est fortement impliquée avec l’opération « Propriétaires et Solidaires » et continue à le faire.

Comment défaire ce nœud gordien au point que les politiques et acteurs du logement, qui ne manquent ni de compétences, ni d’idéal, sont confrontés à un malheur qui leur et nous résiste observant que, depuis 60 ans, les mesures retenues sont souvent justes dans leur orientation, mais se révèlent à l’expérience justement décalées au regard du réel.

Il ne s’agit pas tant de construire plus que de construire par priorité pour ceux dont les ressources font obstacle à l’accès au logement, fût-il financé par des prêts très sociaux.

Souvenons-nous de ces centaines de milliers de personnes dont le « reste pour vivre » est inférieur à 100 € mensuels, quand il n’est pas négatif.

La presse ne titre-t-elle pas que pour l’hébergement d’urgence, les places manquent déjà. Comment ne pas être inquiets.

Incompréhensible que nous ne parvenions pas à ériger le mal logement comme une grande cause nationale, accompagné d’un effort mettant enfin un terme à des situations déshumanisantes et inacceptables.

Il vous souvient de ce mot de Claudel : « La tolérance ? Il y a des maisons pour ça » ! Pour les sans abri notre tolérance ne construit que des abîmes. La seule réquisition qui changera est que les cœurs éprouvent l’urgence de dire non à l’inacceptable.

Bernard Devert

Octobre 2012

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