Il est difficile d’échapper à la polémique. Il me semble même que son champ d’application n’a cessé de grandir ces dernières années, notamment au moyen des sites de discussion qui constituent souvent des sortes de champs clos, où les invectives s’échangent à la vitesse de balles de tennis. La polémique est-elle toujours un mal ? Sans doute pas, lorsqu’elle est encadrée par quelques règles élémentaires, dont la plus importante me paraît être celle de la loyauté. Le respect mutuel devrait aussi s’imposer, mais il est difficile d’en définir les contours précis. Lorsque la colère inspire les joutes oratoires ou écrites, il est difficile de marquer les limites de la bienséance.
Le combat politique détermine à chaque moment des affrontements. Même le retour de nos quatre otages, qui devrait susciter une belle unanimité nationale, suscite la querelle. Le gouvernement a-t-il, oui ou non, versé une rançon pour leur libération ? Le journal Le Monde prétend que oui, alors que les porte-parole officiels prétendent le contraire. Par ailleurs, une proche d’un otage non encore libéré adresse une sévère admonestation au même gouvernement qui se désintéresserait d’un homme isolé et dépourvu du soutien d’une grande firme dont il serait le salarié. La polémique peut être dure dans les termes, mais il semble ici qu’elle n’excède pas les limites de la loyauté.
Il y a aussi polémique à propos de la décision de justice qui chasse la famille Tellenne de son appartement parisien. S’agit-il d’une vengeance politique, de représailles de la mairie de Paris contre Frigide Barjot, coupable d’avoir menée un immense combat contre la loi Taubira ? Il est périlleux de soupçonner l’intrigue politique derrière la décision judiciaire. Mais on peut penser que mettre en difficulté une famille, ce n’est guère élégant pour le moins de la part de l’instance qui a porté plainte. Dernière affaire : la polémique est montée au suraigu à cause d’une insulte grossière, de type raciste, qui aurait été proférée par une jeune adolescente à Angers à l’encontre de Christiane Taubira. L’indignation est certes légitime, mais n’y a-t-il pas instrumentalisation dès lors que l’on veut faire, sournoisement, porter le chapeau à la Manif pour tous ?
