A la fin de l’année j’ai alerté nos amis sur la situation quelque peu désespérée à moyen terme de notre journal papier, situation qui reflète bien sûr tout un climat qui nous dépasse de loin. C’est toute la presse écrite qui est menacée par les changements technologiques, culturels, de mentalité de toute une société… Un autre monde apparaît, enthousiasmant par certains côtés, terrifiant par d’autres. Il ne sera pas éternel non plus. Et nous avons encore des cartes à abattre, un témoignage à donner, des moments de bonheur à vivre et nous ne renonçons pas à nous adapter, avec les limites que la nature impose.
La mort fait en effet son œuvre autour de nous parce que c’est une génération qui passe et qui, si elle est remplacée, l’est autrement par d’autres personnes qui ont d’autres centres d’intérêt et d’autres manières d’être et d’agir. Il y a quelques semaines nous apprenions le décès de notre très cher Joël Bouëssée, magnifique chevalier du Saint-Sépulcre, éditeur de livres de chasse en son temps dans sa belle boutique rue Augereau, parmi tant d’autres activités culturelles et sociales et, par dessus-tout le disciple jamais à court d’enthousiasme du philosophe Gabriel Marcel. Joël était un abonné heureux et satisfait de France Catholique. Il ne manquait jamais une occasion de nous le dire, de nous encourager, de nous faire des compliments bien ajustés, pas de vagues paroles mondaines. C’est pour des gens comme lui que nous avons travaillé avec la conscience du devoir accompli depuis tant de temps. La mort ne rompt pas tout, mais ce n’est plus pareil, évidemment. Et cette semaine (24 janvier) nous apprenons la mort de Mgr François Fleischmann. Une si belle figure de prêtre. Lui aussi, partout où il a été en responsabilité au cours des quarante dernières années, a toujours tenté de nous aider, de nous soutenir et il a aimé France Catholique et nous l’a fait savoir à plusieurs reprises. Y aura-t-il encore beaucoup de prêtres de sa trempe pour nous donner le courage dont nous avons besoin ? Il faudrait qu’ils se fassent connaître.
Nous avons demandé et nous demandons encore à ceux des amis de France Catholique qui sont encore de ce monde de nous aider.
Demander est toujours un peu gênant surtout quand il ne s’agit que de faire constater un état de fait déplorable. Nous avons perdu 85 000 euros dans l’exploitation ordinaire de notre journal au cours du dernier exercice. Ce n’est certes pas la première fois qu’un tel incident arrive et nous savons que nous pouvons le surmonter. Cela dit ce n’est pas sain non plus et c’est décourageant dans la mesure où c’est le signe que nous ne renouvelons pas notre public, que ce dernier est moins riche ou moins mobilisé que naguère.
Ce n’est pas vrai pour tout le monde bien sûr. Nous avons reçu quelques marques de soutien rapide et parfois de la part des plus jeunes et des moins riches… Mais cela ne permet pas de dire qu’on peut penser à autre chose. Et pourtant il faudrait.
Nous nous sentons un peu plus légitimes cependant dans la mesure où nous avons des projets et que nous pouvons proposer quelque chose qui continue à ressembler à une aventure avec un sens. C’est par exemple ce que vais tenter d’exprimer en expliquant pourquoi je me lance dans le rachat d’une librairie à Paris, au 49 rue Gay-Lussac, en plein Quartier Latin…
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Jean-Paul Hyvernat
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
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