Une information dans la presse d’hier : « Le collectif droite forte demande des journalistes de droite. » Je ne retiens pas le sujet parce qu’il est hautement conflictuel, mais parce qu’il donne à penser. Ce n’est pas une nouveauté. Depuis longtemps on remarque qu’une grosse majorité des journalistes vote à gauche, pense à gauche, a des réflexes de gauche. Il s’agit donc d’une corporation idéologiquement identifiée, et l’on comprend que ça ne fasse pas plaisir à ceux qui n’appartiennent pas aux familles de gauche. Je parle au pluriel parce qu’il n’y a pas qu’une seule gauche. Dans le livre superbe que vient de publier Jacques Julliard, quatre courants de gauche, très différents les uns des autres, sont répertoriés. L’historien parle d’ailleurs des gauches françaises. En son temps, René Rémond avait accompli un travail d’analyse analogue pour la droite, qu’il divisait en trois traditions différentes. Il ne s’agit donc pas, lorsqu’on parle d’appartenances politique, de désigner un camp, mais de distinguer un courant de pensée. C’est dire la difficulté d’une éventuelle sélection des journalistes en fonction de leurs appartenances politiques.
Il y a toute chance que l’on tomberait vite dans l’arbitraire, dans l’injustice et dans la confusion. On ne peut opérer un tri des convictions. On recrute sur des compétences, sur le talent, peut-être aussi sur une certaine éthique du métier, du moins faut-il le souhaiter. Et si la droite désire être plus partie prenante de la profession journalistique et des médias, elle doit former des jeunes pour le métier, les encourager. Il n’y a pas de raison a priori pour que la voie soit barrée à des candidats en raison de leurs opinions. Encore faut-il qu’il répondent présent. C’est l’absence qui crée le déficit de journalistes de droite.
J’en dirais d’ailleurs presque autant en ce qui concerne les convictions religieuses. On se plaint souvent, à juste titre, de l’absence de journalistes catholiques pour contrebalancer un certain climat christianophobe dans l’information. Il n’y a pas d’autre moyen pour renverser la tendance que d’encourager des jeunes catholiques à choisir ce métier, à se former en conséquence et particulièrement dans le domaine de l’information religieuse. 1 Il s’agit de jouer le jeu de la pleine liberté, en mettant toutes les chances de son côté.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le Radio Notre-Dame le 3 octobre 2012.