Des indices de l'existence de Dieu ??? - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Des indices de l’existence de Dieu ???

L'album en bandes dessinées « Le mystère du soleil froid » est enfin paru (éd. du Jubilé) et Brunor a commencé une tournée à la rencontre de ses lecteurs, à Brive, au Touquet, à Tours… Dans des salons du livre, des écoles et des paroisses… Arrivera-t-il à faire passer l'originalité d'un projet que nous soutenons autant que nous pouvons parce qu'il est nécessaire ? Entretien entre Brunor et Brigitte Pondaven
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Quelles sont les réactions des premiers lecteurs ?

Brunor : J’ai d’abord rencontré un certain nombre d’abonnés de France Catholique. Ils sont agréablement surpris par la qualité du papier et de l’impression, qui contraste avec les pages publiées dans le journal. Nous avions voulu leur donner la primeur, mais il y avait le risque de décontenancer des lecteurs à cause de cette difficulté à suivre les choses avec le morcellement des épisodes chaque semaine. D’ailleurs, en tenant compte de leurs remarques, j’ai redessiné plusieurs pages depuis leur publication dans le journal. Ceux qui, maintenant, peuvent lire la totalité de l’histoire nous font part de leur plaisir.

Mais ce n’est pas vraiment à eux que vous dédiez ce nouvel album…

J’ai réalisé cette BD en pensant d’abord à nos jeunes, pour les aider en leur donnant des « billes » dans leur dialogue avec des amis non-croyants. Nous ne sommes pas toujours conscients des difficultés qu’ils peuvent rencontrer quand ils osent se dire chrétiens, dans leurs cours de récréation, leurs cafétérias, leurs soirées.

Sauf exception, à moins de grandir dans un milieu où les chrétiens sont majoritaires, ils connaissent de la part de leur entourage une telle pression de moquerie pouvant aller jusqu’à l’exclusion du groupe, que beaucoup comprennent vite qu’il est prudent de « s’écraser » sur ces sujets. C’est-à-dire, de se taire.

Mais ces jeunes chrétiens ont des lieux pour se ressourcer !

Heureusement, beaucoup ont leurs groupes scouts ou leurs aumôneries, pour partager, prier ensemble, vivre des temps forts comme des pèlerinages, des festivals de rock-chrétien ou des JMJ… Mais le problème demeure : comment oser parler du Christ avec des amis athées ou agnostiques ? Et comment en parler sans passer pour quelqu’un d’un peu ringard ?

D’ailleurs, cette situation des adolescents n’est pas inconnue des étudiants dans leurs facs ou leurs prépas, où le christianisme n’a pas très bonne presse.

Quant aux adultes, si un certain nombre d’entre nous ont pu dépasser ces étapes, bien souvent nous constatons la même difficulté : entre les amis non-croyants et nous, il semble y avoir une sorte de mur infranchissable. Aurions-nous reçu la grâce de la foi, et eux… pas ? Nous ressentons alors une sorte d’impuissance à communiquer ce qui est si essentiel… Il nous reste la possibilité de prier pour ces proches, en espérant qu’un jour ils recevront à leur tour ce don de la foi. En attendant, il existe heureusement des lieux formidables, des parcours comme Alpha et d’autres, où nous oserons certainement les inviter, s’il s’agit de bons amis. Avec nos collègues de bureau, il est encore plus délicat d’aborder la religion, sujet réputé aussi tabou que la politique.

Vous espérez que vos bandes dessinées vont pallier cette difficulté de parler de Dieu ?

Oui, je l’espère, car ce livre permet de découvrir des indices de la présence de Dieu, mais sans parler directement de religion. C’est cela qui peut faire la différence. Car une grande partie de la difficulté dans ce dialogue, vient du fait que nous employons trop facilement des arguments religieux. Dès que nous essayons de lancer un dialogue sur ces sujets, ils nous voient venir avec nos gros sabots !

En revanche, à partir de ce genre d’informations non-religieuses que je rassemble dans ce livre, il devient possible d’aborder ces sujets avec n’importe qui, croyant ou non, car ce n’est pas un sujet tabou. On peut avancer ensemble.


Vous pensez que ces indices peuvent convaincre des gens ?

Nous ne sommes pas chargés de les convaincre, mais de leur dire, comme le précisait de façon géniale la jeune Bernadette de 14 ans, dans l’affaire de Lourdes.

Il ne s’agit pas de « preuves » de l’existence de Dieu qui contraindraient à croire, il s’agit d’indices qui interpellent la réflexion, l’intelligence. Des indices objectifs, que chacun peut vérifier.

Celui qui cherche à convaincre fait de la publicité : il cherche à vendre sa camelote. Celui qui informe enrichit l’interlocuteur. Ce dernier est libre d’en faire ce qu’il veut.

Des indices, c’est de l’information…

Exactement. Et les indices présentent plusieurs avantages : non seulement ils font toujours avancer une enquête, une recherche, mais ils ont la capacité de remettre en route, de relancer un dossier enterré.

Il y a une série policière qui s’appelle « cold case », (je crois). Suite à la découverte d’un nouvel indice, des enquêteurs rouvrent un dossier qui était classé dans les archives de la police depuis des années.

Pour beaucoup de nos amis, la question de Dieu n’est-elle pas un dossier égaré de la même façon : Jésus ? Dieu ? Bah, c’est un conte de Noël réservé aux enfants, j’ai fait le tour de la question, l’affaire est classée…
Ce nouvel album voudrait provoquer le petit déclic suffisant pour que nos amis se disent : Tiens !.. Je n’avais pas pensé à tel aspect des choses, ce n’est pas si bête, finalement.

Remettre en route la réflexion ?

Oui, après avoir rendu la route accessible. Quand Jean le Baptiste parlait de « préparer les chemins du Seigneur et de rendre droits ses sentiers », il ne s’agissait pas d’autre chose que d’effectuer tout un travail bien concret allant du simple débroussaillage au vaste terrassement.
En son temps, Jean le Baptiste faisait déjà ce constat : les chemins pour aller vers Dieu sont plus ou moins encombrés d’embûches, l’accès est difficile, la mission n’est pas de convaincre, mais elle consiste à rendre accessible la rencontre.

Est-il possible d’éviter ce vocabulaire religieux ?

A priori, on ne voit pas comment parler de Dieu sans être dans un discours religieux… Pourtant, pour qu’un dialogue soit possible, il faut d’abord pouvoir se comprendre en parlant une langue commune. Il faut aussi proposer une réflexion rationnelle, à partir du réel.

Peut-on aborder la question de Dieu par la raison ?

Le philosophe Kant prétendait que c’était impossible : « J’ai dû sacrifier une part du  connaître pour laisser une place au croire », disait-il, comme si la connaissance nous empêchait d’aller vers Dieu. Comme si Dieu avait effacé toute trace de Son action dans l’univers réel ! On peut constater que c’est plutôt le contraire qui est vrai. En effet, si Dieu est bien le Créateur de l’univers et de tout ce qu’il contient, il serait bien étonnant qu’Il n’ait pas laissé des indices de Son action dans cet univers et dans l’homme. Certes, Il ne tient pas à contraindre notre liberté par des preuves irréfutables, mais Il nous donne des indices…

Il s’agit de prendre au sérieux ce couple Foi et Raison. Ce n’est pas pour rien que les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont attiré notre attention sur ces thèmes. Sans doute étaient-ils un peu oubliés par les chrétiens.
Les papes nous invitent à regarder de quelle façon Foi et Raison marchent ensemble pour répondre à cette tentation contemporaine de les séparer par une cloison étanche.

En rappelant que la foi est compatible avec la raison, les papes nous invitent à travailler dans cette direction pour vérifier de quelle façon ces deux regards sur le monde, celui de la foi et celui de la raison, peuvent coïncider, alors que nous serions tentés, comme Kant, de nous les représenter comme deux approches différentes, incompatibles.


En travaillant sur les relations entre la foi et la raison, vous proposez donc du nouveau ?

J’ai le bonheur de constater que cette démarche offre des nouvelles possibilités passionnantes pour la catéchèse et l’évangélisation. Il s’agit de montrer les passerelles entre notre connaissance de l’univers et les informations données par les prophètes hébreux.

Or, il se trouve que cela correspond à une demande des animateurs de catéchèse. Ils sont nombreux à constater l’exigence rationnelle des ados. « La catéchèse est plus difficile qu’avant, les enfants, de plus en plus jeunes ont du mal à croire en Dieu, ils demandent des preuves. Plongés dans un contexte matérialiste, ils ne sont pas spirituels… » Justement, les indices viennent éclairer ces questions.

Au cours de mes interventions dans des collèges, des lycées, je vois bien comment les indices-informations que je peux transmettre rejoignent cette exigence de réflexion des jeunes globalement formés à la démarche scientifique, qui exige l’expérimentation, l’analyse, la pensée rationnelle.

Avez-vous des exemples ?

Un groupe de jeunes chrétiens de région parisienne souhaitait faire de l’évangélisation par le théâtre et les sketches. Ils ont demandé au comédien Damien Ricour (1), de les aider sur le plan théâtral, et ils m’ont demandé d’assurer leur formation quant au contenu à transmettre, à partir de ces indices rationnels peu connus.

Leur intention était de s’organiser à 2 ou 3 pour inviter des amis athées à des petits dîners suivis de sketchs sympathiques, capables d’amener un dialogue sur Dieu… Ils ont rapidement pris conscience que si les sketches parlaient de « la sainte Vierge » ou de choses « religieuses », les amis verraient venir le truc gros comme une maison… En revanche, des petits sketches plein d’humour sur des sujets profanes bien choisis, permettaient de mettre en route une réflexion et d’aller loin dans le dialogue. Et, de fait, ça a bien marché. L’humour et les indices ont permis d’avancer ensemble.

Pourquoi cette démarche n’est-elle pas plus employée par l’Église ?

Parce que certains de ces indices ne sont à notre disposition que depuis quelques années seulement. Au début du vingtième siècle, personne ne pouvait encore savoir si le soleil était éternel ou pas… Nous n’étions pas plus avancés que les civilisations de l’Antiquité à ce sujet.

Les prophètes hébreux, depuis trois mille ans, étaient les seuls à affirmer que le soleil n’est qu’un lampadaire qui a un début et une fin. Quand nos astrophysiciens récents ont déclaré dans le journal que le soleil avait un début et une fin, tous ceux qui croient au Dieu unique auraient pu sauter de joie en disant « vous voyez, c’est dans la Bible, on vous le dit depuis trois mille ans ! » Est-ce une simple coïncidence, un coup de chance ? Analysons cela en poursuivant notre enquête pour voir s’ils savaient d’autres choses à l’avance…

On va découvrir alors qu’ils savent d’autres choses et ils sont encore les seuls à énoncer, bien avant tout le reste de l’humanité ! Mais alors ?..

Pourtant, les débats à propos de la création du monde, montrent qu’il y a un sérieux désaccord entre science et foi…

C’est ce qu’on a cru depuis deux siècles, avec le fameux débat entre créationnistes et évolutionnistes. Mon prochain album de la série va justement aborder cette question cruciale. Je ne veux pas trop dévoiler à l’avance, mais il est intéressant de constater qu’une fois encore, les prophètes hébreux qui ont mis par écrit le livre de la Genèse, ont vu juste sur plusieurs points importants. Par exemple lorsqu’ils affirment que le monde et tout ce qu’il contient n’a pas été créé en une seule fois, d’un seul coup, simultanément, mais par étapes, ils sont les premiers de toute l’histoire de l’humanité à affirmer une pareille « énormité ».

Pourtant, c’est ce que nous révèlent les sciences !

En effet, notre connaissance de l’histoire de la physique, de la chimie et de la biologie nous permettent aujourd’hui de savoir que l’univers n’est pas apparu d’un seul coup. Nous en connaissons les étapes depuis peu de temps. Comment les prophètes ont-ils su tout cela trois mille ans avant tout le monde ? Des philosophes grecs ont vivement reproché cette affirmation aux juifs et aux chrétiens : « Votre dieu est bien incapable ! Il n’est même pas en mesure de créer le monde en une fois, il doit s’y reprendre en 6 étapes ! » Aujourd’hui, on peut vérifier que les prophètes avaient vu juste, en enseignant une Création réalisée par étapes. Une création non simultanée, qui se poursuit depuis 13,6 milliards d’années, dont nous connaissons les étapes qui vont toujours du plus simple au plus complexe. Ils ont tenu à les faire concorder symboliquement avec la semaine liturgique juive.

Platon envisageait aussi des étapes…

En effet, mais des étapes descendantes : une dégradation. L’homme parfait était premier dans le monde des idées, et de sa déchéance naissaient les animaux. C’est le vieux mythe de la Chute qui est le thème caractéristique de toutes les Gnoses.

Dans d’autres cultures, le monde et les hommes résultent de combats entre dieux…

Comme le précise le cardinal Christoph Schönborn dans son récent livre Hasard ou plan de Dieu ? il faut tenir compte de ce fait scientifique observable d’une évolution allant toujours du simple au complexe, et constater que le mot évolution n’est pas une explication du monde, mais précisément : ce qu’il faut étudier.

C’est ce que nous aborderons le prochain album sur lequel j’ai commencé à travailler.

Nous attentons aussi la suite de votre précédent livre « La Question interdite ».

Cette recherche dans l’histoire de la théologie chrétienne a connu un succès inattendu, car le sujet est très pointu et je m’attendais à rejoindre un public restreint. Or les 3 000 exemplaires sont partis en moins de 5 mois et 3 000 autres sont en train de trouver acquéreurs, ce qui montre qu’il y a une vraie demande de nourriture solide dans ce domaine. Je viens de rencontrer un prêtre, professeur de christologie, qui m’a dit : « je le donne à lire à mes séminaristes, car c’est une très bonne synthèse de christologie. Merci beaucoup ! » Et je connais des ados de 15 ans qui y ont trouvé des embryons de réponses à leurs questions. Mais en attendant la suite, il me semble plus urgent d’avancer en priorité avec cette nouvelle collection des Indices pensables, car elle est ouverte à un public très large, et il y a une certaine urgence sur ce thème Foi & Raison.