Cette journée de la commémoration du débarquement du 6 juin 1944 aura peut-être été historique à plusieurs sens du terme : si elle a rassemblé une vingtaine de chefs d’Etat du monde entier en Normandie en hommage aux soldats qui ont défendu la liberté contre le nazisme pendant la Seconde guerre mondiale, elle a aussi permis à Vladimir Poutine d’effectuer une démarche d’apaisement en rencontrant le nouveau président ukrainien élu le 25 mai dernier Petro Porochenko et invité lui aussi, et en échangeant ensuite quelques mots avec Barack Obama malgré sa brouille avec les Etats-Unis.
Le président russe et le président ukrainien ont appelé tous deux à l’arrêt des hostilités en Ukraine, lors d’un entretien d’un quart d’heure en milieu de journée, auquel ont assisté notamment des collaborateurs de François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel. Préparée en secret depuis plusieurs jours, cette rencontre conciliatrice a ouvert naturellement la voie à la reconnaissance de l’élection de Petro Porochenko après la chute de Viktor Ianoukovitch, Vladimir Poutine ayant accepté d’envoyer un ambassadeur de Moscou assister à son investiture imminente à Kiev.
MM. Poutine et Porochenko ont appelé à « la cessation au plus vite de l’effusion de sang dans le Sud-Est de l’Ukraine ». Globalement, le président russe s’est dit satisfait d’avoir eu des discussions « positives » avec ses interlocuteurs occidentaux.
On peut voir là un point marqué dans le bon sens sur le plan diplomatique par François Hollande avec le soutien d’Angela Merkel au nom de l’Union européenne. Dans son discours sur la plage du débarquement à Ouistreham, le président français a d’abord souligné la valeur conjointe du sacrifice des soldats alliés tombés il y a 70 ans et des soldats issus des peuples de l’Union soviétique d’alors qui ont payé de leur côté un lourd tribut face à la machine de guerre hitlérienne. Mais il a aussi rappelé que la liberté n’est jamais un acquis définitif, et que sa préservation exige la vigilance de chacun à toutes les époques de l’histoire. Ce message semble avoir rencontré un écho favorable quant à ses implications actuelles, même si certains diplomates occidentaux parlent encore prudemment d’une « avancée fragile » au sujet du dossier ukrainien, toujours sensible et complexe.