Les cardinaux réunis à Rome se concertent sur l’état de l’Église dans le monde. Certains d’entre eux ont dit le grand intérêt de ces échanges, où les uns et les autres prennent conscience des problèmes de l’Église universelle. Car c’est vrai que l’Église s’étend aujourd’hui sur tous les continents, pour avoir répondu à l’appel du Christ qui avait demandé à ses apôtres d’annoncer l’Évangile à toutes les nations. Un ami de retour du Vietnam m’expliquait ces jours-ci son admiration pour ces chrétiens de l’autre bout du monde, dont la ferveur l’avait ébloui. Il avait découvert jusqu’au fond des campagnes les plus éloignées des communautés vivantes. Les vocations sacerdotales et religieuses y abondent. Pourtant le christianisme a longtemps été persécuté sur cette terre. Nous connaissons d’ailleurs de très belles figures qui sont pour nous des exemples et qui ont passé une partie de leur existence dans les camps. Je pense au cardinal Van Thuan et à Marcel Van, dont les causes de béatification sont en route.
Le cardinal Lustiger m’avait confié en 2002 que son confrère le cardinal Van Thuan était un de ses candidats à la succession de Jean-Paul II. Rien n’avait pu venir à bout de sa foi et de son espérance. Son testament spirituel n’était-il pas intitulé Sur le chemin de l’espérance ? L’homme qui avait subi le laminage d’un camp de rééducation savait de quoi il parlait ! Le cardinal Van Thuan nous a quittés depuis plus de dix ans, mais l’Église, qui lui avait donné naissance et dont le pouvoir communiste l’avait tenu éloigné, est un des plus beaux fleurons de la chrétienté. Et nous savons qu’il est d’autres communautés aussi vivantes et fécondes en Asie. Ce n’est pas pour rien qu’on évoque des papabili originaires du Sri Lanka ou des Philippines.
Nous pourrions avoir quelques complexes dans notre vieille Europe, qui semble si éteinte spirituellement. Pourtant c’est elle qui a transmis la foi aux autres continents et les chrétiens africains et asiatiques expriment souvent leur gratitude à l’égard des missionnaires qui leur ont fait connaître le Christ. Et puis il n’est pas vrai qu’il y a une fatalité à la déchristianisation européenne. Les cardinaux doivent aussi en discuter. On aimerait les entendre, mais il vaut mieux encore leur affirmer notre solidarité dans la prière.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 mars 2013.
Pour aller plus loin :
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- Jean-Paul Hyvernat