L’actualité est plutôt morose ces jours-ci pour nous autres Français! Je pense aux inondations du Var et bien sûr aux victimes. Je viens d’ailleurs de traverser par deux fois au ralenti le département sinistré et je ne pouvais que me sentir proche de cette population meurtrie par le désastre. Mais il y a aussi cette désagréable affaire Bettencourt qui est en train de prendre une tournure politique. Et puis, comme si nous avions besoin de cela, le naufrage de notre équipe de football en Afrique du sud. Ce sujet, n’est pas le plus important, mais il a valeur symbolique pour le pays, son moral, et peut-être même sa morale. Je ne rapporterai pas les faits qui sont simplement lamentables et témoignent de l’étrange climat qui règne chez les bleus. Il est probable qu’il y a relation directe entre le fiasco de nos représentants au Mondial et le climat qui règne entre joueurs, entre ces mêmes joueurs et leur entraîneur Raymond Domenech. Mais aussi avec le mode de vie et la mentalité qui sont désormais le lot du sport de haut niveau.
C’est pourtant un fait que dans l’imaginaire actuel, les succès, les insuccès, les triomphes ou les effondrements des équipes nationales de football ont une résonance considérable. Des pays entiers s’identifient avec leurs représentants. Une victoire au mondial ressemble à un Austerlitz, une défaite à un Waterloo. On l’a bien vu avec ce qui s’est passé avec le triomphe de notre équipe en 1998 et l’extraordinaire destin d’un Zidane promu au statut de héros national, battant tous les politiques, tous les artistes au palmarès des sondages. L’effet d’un tel événement est politique. On a dit en son temps que Jacques Chirac avait profité de la victoire. Aujourd’hui M. Zapatero, le Premier ministre espagnol serait ravi de rebondir grâce à son équipe considérée comme la meilleure du monde. Et c’est vrai partout, comme en Argentine où Maradona, l’ancien joueur de génie promu entraîneur est une gloire nationale, en dépit des incidents déplorables de sa carrière.
Faut-il se scandaliser d’une telle promotion? Peut-être pas, après tout! Moi aussi, j’ai de bons souvenirs de notre belle coupe du monde et j’ai communié à la ferveur commune. Il vaut mieux que les peuples s’affrontent sur le terrain sportif plutôt que sur les champs de bataille. Oui mais, il y a un sérieux problème lorsque les personnages qui sont l’objet d’une telle attention, d’une telle admiration, reflètent des modes de vie plus que discutables, en donnant aux jeunes un exemple déplorable. Pardon d’utiliser encore ces qualificatifs extrêmes. Il y a plus grave que le spectaculaire coup de boule de Zidane lors de la finale du précédent Mondial. Il y a les effets d’une richesse ostentatoire, l’individualisme poussé à ses extrêmes conséquences et qui aboutit d’ailleurs à la dislocation sportive d’une équipe. Gloire et décadence. On en est maintenant aux insultes, au refus collectif de l’entraînement. Et quoi encore? Demain à la désertion sur le terrain? Le moral de la France est au plus bas. Il va falloir s’interroger très vite sur la nature du désastre et décider de réformes radicales, parce que décidément, il y a quelque chose de pourri au royaume des Bleus.
Gérard LECLERC
Chronique lue sur Radio Notre-Dame, le 21 juin 2010
Le point de vue décapant de Lorànt Deutsch
http://fr.sports.yahoo.com/fo/pierrotlefoot/article/1267564/
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918