On n’avait pas vu cela depuis très longtemps à Rome ! Des affiches contre le Pape collées au centre même de la ville éternelle. Les références aux anciennes pasquinades, ces placards satiriques que l’on attachait autrefois à la statue de Pasquin ne doivent pas tromper. Car il ne s’agit pas seulement de propos irrévérencieux à l’égard du successeur de Pierre, mais bel et bien d’attaques contre son autorité et sa légitimité.
L’incident ne justifierait pas plus de commentaires s’ils n’étaient reliés à une offensive continuelle de la part de réseaux sociaux dont l’intention la plus affirmée est de porter atteinte à l’orthodoxie du pape François et à son gouvernement. Ces réseaux ont même diffusé récemment une information rocambolesque, d’où il ressort que l’élection du cardinal Bergoglio serait le résultat d’un complot fomenté par le milliardaire George Soros, le président Obama et Hillary Clinton… Et le complot se perpétuerait avec une gouvernance inspirée par des conseillers émanant de la commission trilatérale et du groupe de Bilderberg. Les gens qui diffusent ce genre de propos ne lésinent pas sur le mélange des genres. Ils prétendent se fonder sur des enquêtes pointues, celles qui leur permettent de désigner des collaborateurs du Pape chargés des réformes et ils se répandent en même temps en accusations grotesques : « Tous ces gens gravitent plus ou moins autour de George Soros qui n’a jamais caché son hostilité au catholicisme. Les Femen qui saccagent les églises, souillent les cathédrales et demandent l’abolition de la papauté sont ses créatures. Ces gens sont aussi les représentants de la banque et de la finance internationale : ce sont eux qui exploitent les “pauvres” ceux précisément dont François se veut le Pape. »
Ainsi François serait-il prisonnier de cette finance spéculative dont il ne cesse par ailleurs de dénoncer les méfaits ! On devrait dédaigner de pareilles imputations franchement fantaisistes, mais on est obligé de reconnaître qu’elles troublent des fidèles désorientés. Il convient donc de désamorcer cette offensive, en revenant tout simplement à l’enseignement réel de François, tel qu’il s’exprime jour après jour. Il y a une grâce particulière de ce pontificat que nous serions coupables de ne pas accueillir. Un ministère de la miséricorde, qui ne craint pas d’accueillir les frères séparés de la fraternité Saint-Pie-X, devrait être reconnu pour ce qu’il est, hors de la rumeur et de la haine des mauvaises pasquinades.