Lundi, je m’étais montré sévère pour le journal Le Monde, dont j’avais jugé proprement indigne l’éditorial du samedi. Je constate un changement de ton dans l’édition d’hier. Un article signé Émeline Cazi et Cécile Chambraud rend honnêtement compte de la conférence de presse tenue à Lourdes lundi, au cours de laquelle le cardinal Barbarin a pu s’expliquer sur l’affaire Preynat. Plus question, comme samedi, de complaisance de l’épiscopat à l’égard de la pédophilie ou encore de système de camouflage à l’échelle du pays pour dissimuler les prêtres coupables. Les deux journalistes citent littéralement les propos de l’archevêque de Lyon, sans interpolation polémique, ne cherchant qu’à cerner sa pensée à propos d’un cas de conscience des plus aigus.
Oui, il est vrai que Philippe Barbarin a déclaré : « Je ne dis pas que je ne me sois pas trompé (…) dans les décisions que j’aurais dû prendre. » Décisions qui concernent, faut-il le rappeler, des faits qui remontent aux années 80 ? Les évêques, à Lourdes, se sont interrogés pour savoir si, dans le domaine de la pédophilie, il pouvait y avoir des délais de prescription, vu que la douleur des victimes ne pouvait s’accorder aux rythmes de la justice. Car le temps de l’Église n’est pas le temps de la justice humaine. Il ne saurait y avoir, de sa part, oubli des fautes qui ont entrainé des blessures qui brûlent un être, sa vie durant. Et puis la gravité de la faute, eu égard au caractère sacerdotal, ne requiert-elle pas une sanction définitive ?
Il y a, d’évidence, un contraste entre l’attitude ferme du cardinal Barbarin à l’égard des crimes sexuels commis sous son épiscopat à Lyon et son incertitude à l’égard des crimes commis il y a un quart de siècle. Mais comment ne pas comprendre son cas de conscience, alors même qu’il n’y avait aucun indice que le prêtre coupable ait récidivé ? Il semble qu’à Rome, aujourd’hui, on soit désormais impitoyable pour le prédateur, quelle que soit l’ancienneté des faits établis. Les évêques français réfléchissent à l’attitude à observer et aux mesures à adopter. Il convient plutôt de les accompagner dans la prière que de concourir à des emballements médiatiques, dont on doute qu’ils puissent servir à la thérapie des victimes et à celle de la société.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mars 2016.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- 8-9-10 mai, deux jours Lyon-Centre pour les jeunes
- 3105-Cent-cinquantenaire des apparitions de Lourdes
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ