Vous venez de sortir un premier album de musique sacrée. C’est une forme d’évangélisation ?
Gabriel Lefèvre : On est tout à fait conscient d’avoir signé notre album dans un label tout public, Universal, qui correspond au public qui nous a découverts sur M6, dans l’émission La France a un incroyable talent, en décembre 2020. Pour nous, c’est une suite cohérente. L’important était qu’à travers nous, une fenêtre s’ouvre sur la musique sacrée. C’est intéressant de démocratiser cette musique souvent considérée comme élitiste alors qu’elle touche tous les cœurs. Le fait de croire à ce que l’on chante est une explication. Quand on est authentique, cohérent, ça ne trompe pas. L’unité de la famille se traduit dans l’harmonie vocale.
Le fait de se retrouver sous les feux des projecteurs a-t-il fragilisé votre famille ?
On a beaucoup réfléchi avant de se lancer dans La France a un incroyable talent. Ce n’est pas facile tous les jours, cela nécessite beaucoup de dialogue, de discussions en famille. Certes, nous portons tout cela dans la prière, afin de garder le contrôle de nos existences. Mais nous sommes au service d’une belle musique, et être au service de la beauté, on ne peut pas rêver mieux ! Cette musique nous fait du bien, et nous sommes convaincus qu’elle peut faire du bien autour de nous.
Ce festival Sacrée Musique vous tient-il à cœur ?
Nous aimons chanter, donner des concerts, surtout après les restrictions sanitaires. On est heureux d’aller de nouveau à la rencontre du public. Ce festival est axé sur la musique sacrée a cappella, avec une proposition large et multiple. Nous sommes dans le cœur de ce qu’on aime faire et le festival est sur la même ligne. La présence de Stéphane Bern, qui est sensible aux arts et au patrimoine sacrés, est un vrai plus pour donner un écho plus large à cette initiative.
Quel regard portez-vous sur le chant religieux contemporain ?
Je pense que l’on a trop renoncé à une forme d’exigence dans la création musicale, voire liturgique, ces dernières années. Il y a un vrai manque. Les musiciens qui ont la foi doivent travailler et créer. Mais s’il n’y a pas de commandes de l’église qui suivent, c’est compliqué d’en vivre. On risque de tomber dans des phénomènes de mode, avec beaucoup de bonnes intentions mais peu de bonne formation. Pour autant, je ne pense pas qu’il faille utiliser la musique comme une arme. L’église, en tant qu’institution, a pu délaisser à différents niveaux la mise en valeur du patrimoine et de la formation, ce qui fait que ce n’est pas un secteur où les musiciens d’excellence ont l’espace pour s’exprimer. Nous avons la chance de baigner dans cet univers-là. L’église a été mécène de la culture pendant des siècles et malheureusement, ce n’est plus le cas.
— Famille Lefèvre, Ad Vitam, Universal, 2021, 16,99 €.
— Famille Lefèvre, Ad Vitam, Universal, 2021, 16,99 €.