Il y a des mots qui font fureur dans les médias, mais aussi dans la bouche des hommes politiques. Celui de complotisme est d’autant plus en vogue qu’il paraît rendre compte de phénomènes contemporains, marqués d’un caractère spécifique. Ils sont, en effet, relayés massivement par les réseaux sociaux et affectés d’une tonalité mensongère inaperçue de vastes secteurs de l’opinion. On parle de « fake news » que l’on peut préférer traduire en Français par « bobard ». Donald Trump se serait montré particulièrement retors dans ce genre de pratiques qui peuvent avoir des effets pernicieux, tel l’envahissement du Capitole, le 6 janvier dernier, par des manifestants déchaînés. Comment ne pas souscrire à cette analyse qui met en évidence une mutation dans les manières de communiquer ? Le président américain s’est montré orfèvre dans le genre avec son utilisation incessante des nouveaux moyens d’expression.
Faut-il alors s’en prendre à la crédulité populaire, puisque des millions de citoyens adhèrent à ces propos contestables ? Le complotisme est d’ailleurs étroitement associé au populisme. C’est donc le peuple qui représenterait aujourd’hui le plus grand danger pour l’État de droit et la paix sociale ? Est-ce la démocratie qui se mettrait en péril du fait du trop grand pouvoir de demos ? Il est une autre appréhension de ce type de phénomène. Avant d’incriminer la crédulité populaire, ne faudrait-il pas s’interroger sur la manque de confiance qui s’est instauré à l’égard des dirigeants et des professionnels de l’information ? Ainsi peut-on retourner l’accusation. Et le mépris des gens ordinaires n’est sûrement pas le meilleur moyen de combattre le complotisme.