Il fallait la plénitude du silence pour accueillir la plénitude de la Parole.
En Marie, le Verbe fait homme s’est modelé aux dimensions de l’être humain. En elle, Dieu a repris toute sa créature, comme recueillie dans cet acquiescement total, pour la restaurer et lui rendre le chemin du Père.
Comme l’écriture tracée sur la page vierge, le Verbe s’est inscrit en Marie qui, transparence parfaite au message, nous offre la lecture la plus pleinement humaine de la Nouvelle.
Ce silence d’adhésion, d’humble conformité, creuset de la réponse, le Père l’a préparé dans le Peuple choisi par une longue succession de confidences : Révélation patiente au Peuple rebelle, confiée à sa mémoire pour un long mûrissement où Dieu souvent semblait se taire.
Intimement nourrie de la Parole, Marie a pu offrir au Père, par une dilatation de tout son être, un réceptacle aux dimensions de son Fils. En elle, le Verbe a pu déployer sa mesure. Cette silencieuse conversation intérieure, ce dialogue muet et mystérieux avec l’Esprit de vie, a fait monter sur ses lèvres le cantique de la Nouvelle Alliance ainsi scellée.
Voici qu’en la plus humble de ses créatures, le rêve insensé de Dieu se réalise : en Marie, parfaitement accordée à l’amour du Père, prend corps le Rédempteur.
Silencieuse, Marie a parlé, mais elle n’a pas fait de bruit. Jalons sur le chemin de son Fils, de l’Annonciation à la Croix, les mots qu’elle continue d’adresser à ses enfants sont semences de vie : perles précieuses entre toutes, trésor incomparable pour qui sait les recevoir, leur rayonnement a la discrétion de l’amour.
Car il fallait la plénitude instantanée du Fiat, ce consentement sans réserve du cœur et de l’être tout entier, pour reprendre fondamentalement tous les refus passés et à venir de l’orgueil humain.
Tous les siècles nécessaires désormais pour que, par nos pauvres oui portés par le sien, s’édifie et se parachève le Corps mystique du Christ, sont comme récapitulés en cet éclair de son Fiat, adhésion pleinement libre, sans la moindre réserve. Ils sont présents en ce moment unique, à la jointure du temps et de l’éternité, où se joue le dessein du Père.
En son acte de foi, Marie a pour ainsi dire fait le pari de sa réussite en Jésus Christ, devenant ainsi Mère de l’Espérance. Dès lors, elle est la souche de cette restauration qui doit s’étendre à l’univers entier. Porteuse en sa divine maternité de cette nouvelle genèse, elle participe au déploiement de la grâce au long des siècles.
Ce que le oui de Marie a accompli pleinement à l’instant où il fut prononcé, il nous faut, à travers nos chutes et nos relèvements, le long temps de la patience de Dieu pour l’accomplir en nous-mêmes et le mener à terme.
Vierge Marie, apprenez-nous dans le silence à tendre de plus en plus à ce consentement de tout notre être aux vouloirs du Père. Alors notre Fiat deviendra Magnificat !