Elle est âgée de 16 ans, lui de 13. Leurs parents décident de les marier. Elle veut rester vierge et finit par imposer cette situation à son trop jeune époux. Tout cela avec l’approbation de leur confesseur franciscain. Ils demeureront vierges. Ainsi vécurent Delphine (Douphino ou Dauphine) de Signe et Elzéar (Auzias ou Ourrias) de Sabran, dans le Lubéron. Elzéar est plus dur que son épouse. Il impose aux gens de sa maison la messe quotidienne et une causerie journalière où il ne leur est pas permis de l’interrompre. Les jeunes époux portent le cilice, se donnent régulièrement la discipline et deviennent tertiaires franciscains. Seigneur incorruptible, Elzéar se voit confier de nombreuses missions dans les Abruzzes puis à Paris, où il meurt à 38 ans le 27 septembre 1323 après avoir embrassé un lépreux. Sa veuve inconsolable se retire dans la solitude. Elle retrouve la joie à la suite d’une apparition de son époux. Elle veut vivre dans le dénuement, partageant son temps entre Naples et la Provence, soignant les pauvres et visitant les malades. On la prend pour une folle.
Elle est conseillère de la reine de Naples qui entrera chez les franciscaines. Puis, pendant 15 ans, elle vit à Apt ou à Cabrières, organise une caisse rurale où l’on prête sans intérêt, Delphine se portant caution. Elle meurt à Apt le 26 novembre 1360 à 76 ans.
Elzéar sera canonisé dès 1369 par son neveu et filleul le pape Urbain V, qui béatifie Delphine mais ne fut pas favorable à sa canonisation. Les deux époux sont aujourd’hui encore vénérés dans l’ancienne cathédrale d’Apt. Les franciscains les célèbrent le 9 décembre. Le martyrologe romain les fête ensemble le 27 septembre.
Étymologie du nom
Du grec delphis, delphinos « dauphin ». Cette étymologie est aussi celle du Dauphiné, province du royaume qui a donné son nom à l’héritier du roi.
Vieux proverbe de ce jour
« À la Sainte-Delphine, mets ton manteau à pèlerine. »
Pensée spirituelle
« Que Dieu me donne sainteté, vie, santé, joie et liberté, qu’il me garde du mal et du péché. » (Raymond de Lulle, franciscain, contemporain de Delphine.)
Courte prière
« Je vous demande, ô très pauvre Jésus, la grâce de ne rien posséder en propre et de n’avoir qu’un usage pauvre du bien d’autrui. » (Hubertin de Casle, franciscain, contemporain de Delphine.)