Leur second album, intitulé Sauvé, vient de sortir. Si la pochette emprunte à l’imagerie pop, il n’en est rien musicalement, puisque Dei Amoris Cantores (DAC) renouvelle le genre de la musique sacrée polyphonique. DAC allie tradition et nouveauté avec dix-neuf compositions — soixante-dix minutes de musique — d’inspiration moderne se permettant quelques incursions dans le répertoire hébraïque (Tresaille d’Allégresse) et grégorien (Veni Sancte Spiritus).
L’album commence de belle manière avec le titre Resurrexit aux accents épiques, écrit et composé par Tanguy Dionis du Séjour qui nous communique la joie glorieuse du Salut : « Voici l’Emmanuel qui par son sang versé, élève la terre au ciel. » DAC désire que cette musique, portée par les voix limpides de dix-neuf choristes, conduise « à une conversion en profondeur ». Témoin de ce désir, la prière de Marcel Van Pour la France qui évoque la place de notre pays dans la chrétienté. Mais d’autres chants, plus cadencés, sont davantage portés vers la louange, comme Resurrexit, Soleil des Nations ou Tressaille d’Allégresse qui rehaussent le rythme généralement apaisant de l’album.
Si certains textes (quatre en tout) sont écrits ou co-écrits par Tanguy Dionis du Séjour, un grand nombre proviennent d’écrits de saints. On doit les couplets de Marie je te donne tout, à Thérèse de l’Enfant-Jésus, de même que Les Répons de sainte Agnès, qui font part du mariage spirituel entre Thérèse et le Christ. Dei Amoris Cantores nous offre de prier avec les mots de saints, des plus fameux comme Thomas d’Aquin, aux moins connus comme Grégoire de Narek, dont le texte accompagne la délicate Ô Toi l’Unique. L’album permet aussi de redécouvrir le père Hermann, élève préféré de Franz Liszt et grand promoteur de l’Adoration eucharistique. Ses textes apparaissent dans trois compositions, dont les Trois Refrains Eucharistiques Carmélitains, simples et apaisantes antiennes qui peuvent accompagner l’Adoration. Curieusement, on retrouvera un nombre restreint de références bibliques pures, la plus marquante étant le morceau dont les paroles sont issues du Cantique des Cantiques : La Voix du Bien-Aimé, hymne à l’amour du Seigneur pour son peuple.
A travers cette musique profonde et travaillée, portée par une production limpide, Dei Amoris Cantores révèle une forme de renouveau du chant liturgique. Le format soigné du CD offre un digipack solide et un livret tout aussi bien réalisé qui propose, pour certaines compositions, un petit texte explicatif.
Réellement novateur, DAC propose (pour son premier album dans un premier temps) les partitions des morceaux, dans l’objectif de laisser quiconque les interpréter lors d’une célébration. Cependant, si Dei Amoris Cantores propose une musique sincère et touchante sur album, c’est certainement en concert que l’expérience atteint sa véritable dimension de prière.
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