Située à Hazmieh, près de Beyrouth, cette communauté de Carmes déchaux s’est installée en 1643 (http://www.carmes-liban.org/). Aujourd’hui, elle s’investit dans la formation (trois écoles normales et deux écoles professionnelles) et s’adresse à de nombreux groupes de jeunes (scoutisme, groupes de prières, groupes charismatiques ou encore le tiers-ordre, à savoir les Carmes laïcs). La communauté propose un accès à plusieurs centres de spiritualité. L’un d’entre eux se trouve à Beyrouth et a des ambitions académiques en matière de théologie spirituelle. L’Aide à l’Église en Détresse soutient la communauté dans ses projets de construction et de formation des futurs prêtres. Elle envoie régulièrement des intentions de messe aux pères Carmes.
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Le contexte de la vie chrétienne au Liban est particulier mais non moins important pour l’ensemble des chrétiens orientaux. Les chrétiens libanais jouissent en effet d’une certaine liberté d’expression dans la société. A la différence des pays du golfe, où la répression musulmane vis-à-vis des minorités est très forte, ils sont libres de témoigner de leur foi et de la présence du Christ dans leur vie. Ceci constitue une espérance pour les autres : les chrétiens du Proche-Orient et tout d’abord en Syrie, en Palestine ou en Jordanie, lesquels ont pourtant une reconnaissance que n’ont pas les chrétiens d’Irak ou de la péninsule arabique. Mais il s’agit aussi d’une espérance pour ceux-là, au Moyen-Orient, qui doivent souvent se cacher pour vivre leur foi. Cela montre à tous, chrétiens, musulmans et autres, qu’un partage et une cohabitation sont possibles. Cette réalité tellement riche, cette capacité de vivre ensemble, avait été soulignée par notre cher pape Jean-Paul II à l’occasion du Synode sur le Liban en 1997.
Et c’est le défi qui doit être soulevé par tous les croyants de la région, souligne le Père Raymond Abdo, provincial des carmes déchaux au Liban.
Lors d’une entrevue avec l’Aide à l’Église en Détresse, celui-ci affirmait que nous devions fidélité à nos racines et à notre capacité à s’ouvrir : « pas de repli sur soi, s’ouvrir aux autres ; s’ouvrir aux croyants d’autres confessions ou d’autres rites, d’autres religion ou d’autres croyances, comme l’islam ». C’est une capacité qu’ont intrinsèquement les chrétiens du Liban. Fidèles aux traditions évangéliques, ecclésiales et patrimoniales du christianisme, forts de leurs convictions, ils sont capables d’accepter des convictions différentes. C’est un geste d’Amour tellement fort et tellement grand qu’il se nourrit de l’espérance de trouver des attitudes semblables chez leurs compatriotes musulmans. Le supérieur carme exprime par ailleurs les conditions nécessaires à un dialogue constructif et réaliste, concret et équilibré : « L’ouverture à l’autre, ça veut dire que l’autre mérite mon attention et mon respect. Cela demande une attitude très importante de connaissance de soi et de connaissance de l’autre. (…) Pour pouvoir accepter l’autre, je dois au départ être pur au-dedans de moi-même, abandonner tous mes préjugés, abandonner tout sens de supériorité, abandonner toute impureté du cœur et de pensée ».
Il est un autre défi auquel l’Église doit faire face au Liban comme dans les autres pays orientaux : l’émigration des chrétiens. Ils quittent leurs pays pour des raisons diverses qui vont de la guerre ou la persécution à la recherche de conditions économiques et sociales plus favorables. Plus encore que la cohabitation avec les musulmans, la stabilité du pays et la confirmation du développement de son potentiel économique sont des facteurs déterminants pour endiguer cette situation. Et si cela entraînait un retour des chrétiens au pays, ce serait un signe incommensurablement positif pour tous les chrétiens de la région.
Par MB et ML
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