Découverte archéologique majeure en Egypte : un papyrus porteur d'un texte inédit de Platon. - France Catholique
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Découverte archéologique majeure en Egypte : un papyrus porteur d’un texte inédit de Platon.

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Ce fragment de papyrus a été tout récemment exhumé des sables près de Oxyrynchus, en Egypte. Sa forme, son style, son vocabulaire semble ceux de Platon dans ses dialogues. Mais les avis des spécialistes divergent quant à l’attribuer avec certitude au grand philosophe plutôt qu’à quelque sophiste – ou même à un vil imposteur – qui utiliserait l’autorité de Platon pour quelque obscure raison connue de lui seul. Un examen de la controverse sur la paternité du texte sera disponible dans un futur numéro de Classical Studies.

Sur les rives de l’Illissos, à l’écart d’Athènes.

Glaucon : Socate, que fais-tu ici dans la campagne ? Ne sais-tu pas que toute la Cité est en émoi ? Toi qui nous a si souvent enseigné, à nous autres étudiants, qu’il n’y avait rien à apprendre des arbres et de l’herbe, du vent et de l’eau. Que nous devions être parmi les autres hommes pour perfectionner nos âmes.

Socrate : Oh, Glaucon à l’œil auquel rien n’échappe, tu es encore très jeune. Accepte l’expérience d’un homme d’âge mûr. La Cité est toujours plus ou moins en émoi. Je me suis récemment aperçu que j’avais tort en ce qui concerne la quiétude et la nature. Les vieillards aussi sont insensés. La Cité, ces derniers temps, me détournait de la recherche de la vérité. Mais dis-moi, de quoi est-il question cette fois. Guerre, richesse, pouvoir ?

Glaucon : Tout cela Socrate, plus le sexe.

Socrate : Le sexe ? Comme dans cette astucieuse histoire d’Aristophane où les Troyennes refusent les relations sexuelles jusqu’à ce que leurs maris acceptent de cesser la guerre ? Une pièce théâtrale très drôle, mais il utilise toujours le sexe, qui devrait rester sous la tutelle de la divine Vénus, non sous le patronage de la Vénus canaille.

G : Non, c’est autre chose. Je suis un peu gêné d’en parler, Socrate — c’est à propos de ces potions et attirails que les magiciens et sages-femmes ont inventé pour empêcher les femmes d’avoir des enfants.

S: Ne sois pas honteux de ta réserve sur ce sujet, noble Glaucon. Cela touche aux divinités et à l’intimité de la famille. Seuls les barbares et les politiciens en parlent sans la retenue nécessaire, comme si c’étaient là des choses du commun, comme une boucherie ou une poissonnerie sur l’agora.

G : Très bien. Laisse-moi juste tout t’exposer. L’assemblée a voté que quiconque avait quelqu’un travaillant pour lui devait payer pour ces potions et attirails, s’il a pris la responsabilité de la santé de ses employés. Et s’il ne le peut ou ne le veut, la Cité paiera pour ces traitements. Les autres – surtout des grands prêtres mais également plusieurs des notables les plus vénérables et les plus influents – ont dit que c’était une tyrannie indigne de notre Cité, et parfois un meurtre, parce qu’il semble que certains de ces traitements tuent les enfants déjà conçus. Je ne sais pas grand chose à ce sujet, mais ils disent que les médecins prononcent un serment, formulé par le grand Hippocrate, imposant de ne pas donner aux femmes de telles médecines.

S : Tu as sûrement mal compris, mon jeune ami. Peut-être parce que ces matières juridiques sont complexes.

G : Je ne pense pas, Socrate. Beaucoup de femmes hurlantes et presque tous les politiciens disaient que faire autrement était abusif, quasi une guerre faite aux femmes. Les politiciens semblaient particulièrement ennuyés quand cela a été dit.

S : Mais, durant les débats, quelqu’un a bien dû faire valoir qu’on ne peut pas exiger de la Cité – et d’elle bien moins que d’autres – qu’elle paie pour ce que tel ou telle considèrera comme essentiel pour sa santé ?

G : Quelqu’un l’a peut-être fait. Je n’en suis pas sûr. Il y avait de nombreuses voix. Celle-là n’était certainement pas prépondérante.

S : Mais nous pouvons parler de cela dans l’indépendance de cet endroit retiré, n’est-ce pas ?

G : Bien évidemment.

S : Donc, si on établit le principe que ce que quelqu’un déclare nécessaire à sa santé est de la médecine préventive, qu’adviendra-t-il ?

G : Je ne sais pas, Socrate.

S : Regardons-y de plus près. Sais-tu qu’il y a des gens qui croient qu’ils doivent souvent effectuer de luxueuses croisières dans nos îles pour préserver leur santé ?

G : Oui.

S : Et que d’autres visitent la station thermale d’Epidaure tous les quelques mois ?

G : En effet.

S : Et qu’en est-il de ceux qui boivent un peu de vin pour leur estomac ou pour faire baisser leur tension. Ils disent que c’est bénéfique pour leur santé, et les médecins le reconnaissent. Ils sont plutôt nombreux, non ?

G : Beaucoup plus que les précédents.

S : Et ceux qui disent qu’ils doivent absorber une nourriture spéciale, ou bénéficier d’un entraînement spécial au gymnase, ou de représentations théâtrales : la Cité doit-elle payer pour eux ou ordonner à d’autres de payer, ainsi que pour les croisières, les stations thermales, le vin, parce que certains soutiennent que ce sont des mesures propres à maintenir la santé ou à contrecarrer le développement d’une maladie ?

G : Beaucoup trouveront cela absurde, Socrate. Mais ils pensent que les dispositifs qui empêchent la grossesse, c’est différent.

S : Comment cela ?

G : Je n’en sais rien, Socrate. Ils disent juste que c’est ainsi.

S : Les gens disent souvent une chose quand ils en pensent une autre. Que devrions nous croire qu’ils pensent ?

G : Tu vas devoir me l’expliquer Socrate. Quand tant de gens sont d’une même opinion, il est difficile de leur résister.

S : Tu dois être un ami de la vérité, Glaucon, quoi que puissent dire les foules. Et il devrait en être de même pour les lois de la Cité, bien que nous sachions qu’il ne faut pas trop compter sur elles.

G : Mais que veulent ces gens, Socrate ?

S : Nous pouvons tomber d’accord que ce n’est pas de l’argent, puisque les potions et dispositifs ne sont pas très onéreux et pour la plupart gratuits dans les cliniques publiques ?

G : C’est très juste, Socrate.

S : Tout au long de l’histoire de notre cité, il y a eu des démagogues qui ont cherché à convaincre le peuple que son bien-être ne dépendait pas des dieux éminents, ni de la terre fertile, ni du peuple lui même, mais de…

Le papyrus est déchiré en cet endroit précis.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-newly-discovered-fragment.html

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Robert Royal est le directeur de la rédaction de The Catholic Thing, et le président de l’institut Foi et Raison de Washington.

Illustration : Socrate enseignant un jeune – peut-être Glaucon -, un tableau de José Aparicio, 1811