Déconstruction dans l'Église - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Déconstruction dans l’Église

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© AntonellaRoma / Pixabay

L’offensive déconstructrice, qui fait rage dans beaucoup de milieux universitaires, atteindrait-elle l’Église elle-même ? Et non pas seulement de la part de ses adversaires habituels ? La question peut être légitimement posée tant la remise en question de ses institutions et même de sa doctrine est aujourd’hui patente. Certes, la question des fautes de ce que Maritain appelait « le personnel de l’Église » n’est pas illégitime. En son temps, Jean-Paul II avait même mis à l’agenda de la célébration de l’entrée dans le IIIe millénaire la nécessaire repentance pour les fautes commises depuis les origines du christianisme. Mais l’examen de conscience appartient au domaine de la purification comme étape du progrès spirituel. Il ne saurait se muer en auto-dénigrement et encore moins en logique de dissolution suicidaire.

Approfondir le mystère de l’Église

Alors qu’il endurait une terrible expérience personnelle, où la rectitude de sa pensée était mise en accusation et où il était privé de toute charge d’enseignement et de possibilité de publication, le Père de Lubac entreprenait une magnifique Méditation sur l’Église, qui, loin de mettre l’institution en procès, approfondissait son mystère afin de la mieux faire aimer. Ce faisant, le grand théologien jésuite s’inscrivait dans la tradition même du christianisme, où les fautes et les chutes étaient l’occasion de rebondissements et même de réformes. Réformes non dans le sens d’un déni mais dans celui d’un développement organique, ainsi que le saint cardinal Newman en avait génialement formulé la doctrine.

Or, ce que nous observons aujourd’hui n’est souvent nullement en résonance avec cette organicité d’une institution qui obéit à des normes propres, dont la nature se distingue de celle des autres organismes sociaux. Il n’est pas sans conséquence, par exemple, de mettre en cause le caractère « systémique » des erreurs de gouvernement de l’Église. Ce type de vocabulaire n’est nullement innocent, car il appartient à un type de sociologie fondé sur des présupposés idéologiques qui sont déjà problématiques dans l’ordre de l’analyse des phénomènes sociaux. Hier, on voulait assimiler l’Église aux structures de domination économique bourgeoise, conformément à la doxa marxiste. Aujourd’hui, ce serait plutôt la doxa bourdieusienne – du nom de Pierre Bourdieu – qui prévaudrait, pour mettre en accusation la structure hiérarchique de l’Église, fondée sur la succession apostolique.

Nous n’entendons pas dénier tout intérêt à certaines propositions pour améliorer les relations « de la tête et des membres », pour faire intervenir des avis dans le cadre des divers conseils, ou susciter une meilleure participation des femmes. Même s’il conviendrait de mettre tout ça en perspective de développement et non de dénégation. Ce que nous tenons à dénoncer et à refuser de la façon la plus ferme, c’est l’offensive dans l’Église de ce qu’on appelle ailleurs culture woke ou cancel culture. Culture du rejet et de l’oubli et finalement de la haine de soi. Ce qui se passe, en ce moment, en Allemagne, autour d’un synode national est de ce point de vue insupportable. Et nous n’aurons de cesse de nous y opposer.