Le combat politique, notamment celui qui se distingue par la conquête des pouvoirs électifs, définit un domaine spécifique d’intervention. Il obéit à des impératifs singuliers qui passent souvent par des compromis, des alliances, la prise en compte de rapports de force, l’insertion dans un paysage déjà constitué avec ses formations instituées, ses lobbies d’intérêt, ses syndicats reconnus dans la partitocratie. Le système représentatif présente bien des avantages, ne serait-ce que celui d’échapper aux partis uniques ou celui de soumettre les diverses autorités à des contrôles réguliers. Ce n’est pas superflu dans le cadre de structures étatiques lourdes et d’appareils administratifs considérables. Mais, par ailleurs, il y a danger de ne pouvoir faire entendre un message original dans un espace balisé par des idéologies formatées et trop bien adaptées aux courants dominants.
Les jeunes chrétiens, qui veulent se lancer en politique, avec la générosité de leur âge, en font souvent la cruelle épreuve. Ils sont, le plus souvent, sommés de taire leur différence, et lorsqu’ils ont l’audace d’exprimer leur façon de penser, ils se heurtent à un conformisme qui n’est jamais que l’expression de la culture imposée. Il est vrai pourtant que le grand mouvement de La Manif pour tous a contribué à changer la donne, en brisant un consensus qui s’imposait partout, surtout dans les relais des principaux médias. De ce point de vue on constate que le climat est en train de changer, avec ce que, par facilité, on appelle la vogue des idées réactionnaires. Et parfois même (ô surprise !) le retournement de l’humour médiatique (investi par ceux qu’Alain Finkielkraut appelle « les amuseurs » et dont François L’Yvonnet a parfaitement analysé les ressorts) au service de causes qui sont contraires au « mainstream » 1.
Ce n’est qu’un premier pas dans la bonne direction. Il importe au plus vite de mener sur un autre mode ce que Renan appelait « une réforme intellectuelle et morale », qui passe par un investissement intellectuel sérieux. Car dans ce domaine, il ne convient pas d’aligner les formules toutes faites ou les principes de la bien-pensance. Il faut non seulement répondre aux provocations de l’adversaire, mais surtout approfondir toujours plus les grandes questions qui déterminent le développement de la civilisation.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- 3105-Cent-cinquantenaire des apparitions de Lourdes
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte