Éloignons-nous, cette fois encore, de notre actualité brûlante, pour nous intéresser à un autre ordre d’événement. Et le mot ordre peut-être repris ici dans sa saveur pascalienne, lorsque pour parler de la charité, l’auteur des Pensées nous dit que « c’est d’un autre ordre ». J’ai, en effet, reçu au courrier, sous un grand format de journal, quatre pages rapportant la belle histoire de la fondation d’un monastère en République Tchèque, à l’initiative de l’abbaye Notre-Dame de Sept-Fons, qui se trouve chez nous, dans le Bourbonnais, non loin de Moulins. L’origine de Sept-Fons remonte au tout début de l’ordre cistercien et l’on pense même que saint Bernard y est venu dans ses premières années. Depuis lors, il y a eu des grosses ruptures dans l’histoire de cette abbaye et même des refondations, non seulement après la Révolution française. La période des années soixante fut extrêmement difficile à vivre pour la communauté et c’est grâce à un religieux exceptionnel, le père Jérôme, que la vie religieuse fut sauvegardée et que les vocations refleurirent.
La vitalité de Sept-Fons ne s’explique que par une sorte de miracle. Alors que depuis le dix-neuvième siècle, les vocations provenaient presque exclusivement de familles à la fidélité à toute épreuve, brusquement cette source s’est comme tarie. Et les nouveaux venus frappaient à la porte, simplement parce qu’ils avaient reçu l’appel dans des conditions improbables. Toujours est-il qu’au moment où l’empire soviétique sombrait, d’autres jeunes gens se joignaient aux novices pour demander au père abbé de créer une fondation à l’est, dans un pays qui avait été cruellement touché par la persécution religieuse. Mais avant de procéder à cette fondation Dom Olive, le père abbé, préféra accueillir dans ses murs ces jeunes Tchèques pour qu’ils se forment à la vie monastique. C’est dans une seconde étape qu’il les enverra sur place fonder à Novy Dvur ce qui est maintenant une autre abbaye de plein exercice, après avoir eu un statut de prieuré. Pour l’Église tchèque, c’est un cadeau du ciel, qui promet un renouveau spirituel là-même où on avait voulu tuer Dieu dans l’âme d’un peuple !
Chronique lue sur radio Notre-Dame le 15 mars 2012.
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