De quelle justice est-il désormais question en France ? - France Catholique
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Pâques. La foi des convertis
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De quelle justice est-il désormais question en France ?

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Les Français sont d’extraordinaires justiciers, non pas tous mais certainement les plus en vue. J’entends les Français de haute volée, les manitous des gros médias, les fonctionnaires titrés, les locataires de fauteuils au sein de loges secrètes, les élus narcissiques qu’embrassent les Grands Maîtres, les cajolés des Pouvoirs et tant d’autres qui se sont mis en tête que Dieu ne pouvait pas exister et que donc il fallait s’en débarrasser au plus vite car trop encombrant, trop exigeant, trop lié à Celui qui, sur la croix, mendie l’amour et donne son pardon. Parmi eux, les bouffeurs de curés, survivants de toutes les catastrophes, les nantis des universités, les assis de Rimbaud etc..

Parmi eux encore, les spécialistes de l’indignation : et donc de l’accusation. Et donc détenteurs des clefs de la vérité morale, de celle qui condamne et expédie dans l’enfer de la responsabilité assumée pour les autres les vrais coupables.

Mais de la Justice en France, quoiqu’humaine, qu’en reste-t-il ? Les magistrats, dans le brouhaha qui secoue aujourd’hui notre société, ont-ils paru ? Parlé ? Mis au point ? Tempéré ?

Cela étant dit, j’en viens à la chasse à courre dont le gibier se trouve être un prince de l’Église, le Primat des Gaulles, l’archevêque de Lyon ! Le si bavard prélat, si j’en crois la rumeur, qu’il conviendrait donc et enfin de le contraindre au silence : Monseigneur Philippe Xavier Ignace Barbarin.

La chasse va bon train, menée par « La Parole libérée », dont on voit, rayonnant, l’un des responsables courir les émissions télévisées. L’hallali fait sonner son cri de guerre jusqu’en ces enceintes ; le gibier, au bord du lac, devra choisir de se noyer puisque déclaré coupable.

Il n’a donc pas fait son devoir républicain, il n’a pas montré du doigt au peuple ses tristes prêtres qu’il se devait, dit-on, de remettre, menottés, au juge de la république : les cinq ou six, et pourquoi pas bientôt, à force d’inventions, trois ou quatre cents, afin qu’ils soient condamnés pour un crime que ces gens-là hissent au plus haut de l’échelle des abominations. Et Dieu sait, mieux encore qu’eux-mêmes, que de tels crimes sont abominables et qu’il faudrait parvenir enfin à les rendre impossible une fois pour toutes, ce qui hélas n’a pas été obtenu en plus de cinquante siècles de larmes et de souffrances. Je pense ici au Christ assis, écrivant, muet, on ne sait quels noms sur le sable après avoir dit aux tueurs volontaires : « Que le sans péché lance la première pierre ! »
Certes, Monseigneur Barbarin n’a pas rejeté hors de son diocèse, ni même de son sacerdoce, ces prêtres si laidement pécheurs : il a tenté de trouver une solution interne, un repentir lié à une sentence correspondante, en somme fait son travail, afin qu’ils cessent leurs méfaits et qu’ils se convertissent. Il a également reçu leurs victimes et leur a conseillé fermement de s’adresser à la Justice de la République, de porter plainte, d’argumenter sérieusement leur déclaration et leur réclamation : pensant légitimement que ce n’était pas son boulot à lui. Toute chose en effet qui ne lui revenait pas : seulement aux victimes à qui revient ce pouvoir, comme au Tribunal à qui revient le jugement laïc.

Question non posée par les accusateurs érigés en tribunal révolutionnaire : Monseigneur Barbarin a-t-il reçu mission du Parquet lorsqu’il fut ordonné évêque ? Nommé également magistrat républicain, procureur ? Possède-t-il un titre spécial donné par les victimes qui l’autorise à prendre leur place auprès de la Cour de Justice ? Car enfin les coupables ne peuvent être valablement accusés de leurs crimes que désignés en toute vérité par ceux qu’ils ont abusés : les uns et les autres savent de quoi il retourne, même s’ils ne se réveillent que vingt-cinq ans plus tard, alors que leur Mémoire, rancie par l’excès du temps d’attente, ne se manifeste que parce qu’il est dit partout que c’est le seul moyen de guérir en eux l’ancienne plaie. Il est vrai également que c’est aujourd’hui la mode d’attaquer, du haut des ans comme des estrades, les prêtres plutôt que d’aller les voir afin d’exiger d’eux qu’ils leur demandent pardon et aillent, de ce fait, se livrer d’eux-mêmes, quitte à les accompagner ! C’est-à-dire prendre dignement et fermement leur responsabilité, très positive, de victime.
Certains ont attendu bien au-delà de la prescription, bien au-delà de l’effarement premier, si bien que le vulgum pecus est fondé à se demander de quoi il retourne : vérité, fable, égarement ? Vengeance justifiée mais peut-être que non ? Enfin le défilé des interrogations portent-elles plus sur ce qu’il faut croire ou nom du plaignant que sur l’accusé ?

Les victimes furent-elles réellement victimes, non toutes peut-être, à la Justice d’en juger ? Se demander si Monseigneur Barbarin n’a pas été choisi comme on choisit le cerf le mieux venu pour l’agrément des chasseurs. En temps de justice normale, de telles pratiques n’auraient jamais été aussi fermement anticléricale : on accuse tel prêtre alors que l’on ne devrait voir en lui que l’homme.

Donc, même le Premier Ministre, ayant arboré ses plus sinistres mimiques, a rendu sa sentence : que ce prélat déguerpisse, qu’il prenne ses responsabilités, qu’il démissionne ! Admirable prétention : fut-il responsable des actes odieux commis par ces êtres humains, prêtres de surcroit ? Aux nouvelle télévisées j’ai entendu hier un ensoutané, assis lui aussi dans un fauteuil de juge, déclarer que « sans doute d’autres scandales seront bientôt dévoilés » : qu’en sait-il ? Et s’il sait, pourquoi ne les dévoile-il pas de sa propre initiative ? Ne serait-il pas flic comme Monseigneur devrait l’être ?… J’en ai été comme foudroyé : décidément, il doit ne plus y avoir en France de police criminelle et pas plus de juges d’instruction pour que tant de voix incompétentes, du haut de l’État jusqu’au bas de l’échelle publique, se fassent entendre, crient « haro sur le baudet ».

Certes, Monseigneur Barbarin en a vu bien d’autres et se trouve être d’une trempe où le mensonge n’a sur lui aucun impact, sauf à en souffrir en son cœur, mais nous autres qui savons que, sur la Croix, a été cloué l’Amour éternel, la Vérité éternelle, le Salut éternel, et donc la Justice de Dieu, nous ne pouvons, une fois de plus, que nous poser la question : quelle France aimons-nous ? Pas celle qui trempe dans la boue et dont Monsieur Valls a barbouillé son visage, comme contraignant la justice à prendre le « parti du politique ».
Que le pardon leur soit à tous révélé afin qu’ils changent de regard et de jugement. Le pardon est l’affaire de Dieu, ce qui n’est pas étranger au ministère de Monseigneur Barbarin. Or le pardon de Dieu ne relève pas de la Justice humaine : qu’il ne soit donc pas demandé l’impossible aux prêtres, quels qu’ils soient. Et que les victimes de ces crimes s’adressent d’elles-mêmes à la seule instance appropriée, Justice des Hommes, sans chercher à y impliquer l’Église. Ces crimes ne sont pas des crimes de prêtres, mais de pauvres humains, de pauvres pécheurs. Que ne soit pas attribué à l’Institution ecclésiale ce qui relève de l’Institution républicaine. Celle-la obéit à ses devoirs et règles : à la Justice d’État de prendre d’elle-même ses responsabilités.
J’aurais bien d’autres arguments à faire valoir, mais l’essentiel est dit, du moins pour ce que j’en sais.


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