De Pilate aux Collèges : « Qu’est-ce que la Vérité ? » - France Catholique
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De Pilate aux Collèges : « Qu’est-ce que la Vérité ? »

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La phrase apparaît à la fin de ce film classique « L’Homme qui tua Liberty Valance » (1962). Le rédacteur en chef d’un journal réfléchit à la différence qui existe entre la légende qui entoure cet acte et la vérité qui est moins brillante. Et il dit : « Imprimez la légende. » Ce sera une histoire bien plus intéressante que la vérité, et pour certains, elle peut avoir eu plus de valeur.

Ce qui me remet cela en mémoire, c’est un ensemble d’histoires et d’événements, qui se suivent. Chacun est un peu singulier, mais quand on les prend ensemble, ils révèlent quelque chose qui se passe sous la surface des changements dramatiques que nous avons eu à absorber maintenant dans ce qu’on a l’habitude d’appeler « notre culture ».

D’abord, c’est la sortie d’un film appelé « Truth » (« Vérité »). Ce film revient sur le scandale qui coûta son poste à Dan Rather à la CBS : son empressement à faire passer, sans trop de précaution, certains documents fabriqués affirmant que George W.Bush avait utilisé des contacts spéciaux pour se ménager une place dans l’Air National Guard du Texas. La manœuvre avait pour but de porter un coup à la réélection de Bush en 2004. À part les documents fabriqués, l’histoire elle-même était fausse.

Mais maintenant, avec le film, et la présentation sympathique de Rather, on tente d’insinuer que l’histoire était vraie, sans le démontrer. Autrement dit, les libéraux dan,s les media veulent fabriquer la légende que des étudiants et d’autres libéraux à l’avenir vont regarder comme la vérité. Quant à CBS, qui justifie son renvoi de Rather, elle a publié une déclaration et remarque : « C’est ahurissant de voir le peu de vérité qu’il y a dans « Vérité ».
Et puis il y a eu Hillary Clinton et les auditions dans l’enquête sur Benghazi. Quand elle a été confrontée à Jim Jordan, député à la Chambre des Représentants, elle a dit : « C’est votre récit, Monsieur le Député. » Son « récit » ? C’est une formule d’intellectuel des années 1980 : il n’y a pas de « vérité » réelle, il y a simplement différents « récits », racontés de différentes manières, et s’ils donnent l’impression de vérité, cela dépend des sentiments et des « valeurs » de celui qui les écoute.

Et pourtant, ce n’était pas le récit de Jordan qui était en question, mais le sien. C’était elle après tout qui avait dit dans un e-mail à sa fille que l’attaque de l’Ambassade américaine n’avait pas été provoquée par une video hostile à l’Islam, qu’elle avait été exécutée par une organisation, plutôt du genre Al-Qaida, avec un armement préparé bien avant. Et elle dit  au Premier ministre égyptien : « Nous savons que l’attaque en Libye n’a rien à voir avec le film. » Mais aux parents des hommes qui sont morts à Benghazi elle a voulu reprendre la ligne en faveur à la Maison Blanche : que la violence devait avoir été provoquée par la video, car nous savons tous que le Président Obama avait mis « Al Qaida en fuite »

Comme chacun sait, Hillary Clinton sortit très regonflée de ces onze heures passées devant la Commission. Imperturbablement elle passait à travers les fourrés de ses contradictions et la mise en évidence de ses contre-vérités. Seul le Wall Street Journal remarqua l’ « implosion » de ses exposés. Pour le reste des media sa prestation devait lui épargner totalement de prouver la vérité de ce qu’elle avait dit sur les questions de la plus haute importance.
Il y a peu de temps une jeune femme à Seattle fut partout tournée en ridicule parce qu’elle se regardait comme « noire » alors qu’elle n’avait aucun noir dans ses ascendants. Et pourtant dans les collèges de ce pays l’un après l’autre l’acceptation du « transgenre » est devenue orthodoxie. Qu’un homme pense qu’il est Napoléon, ou qu’il est une femme, peut ne pas surprendre, car les hommes peuvent imaginer toute une série de choses improbables. Mais que la revendication doive être reçue, sans débat, comme une vérité, est encore une autre étape dans l’érosion de nos collèges. Car l’évidence de la définition sexuelle de la personne, des organes jusqu’aux hormones, est le blocage le plus sérieux pour l’envol de l’imagination.

Le redoutable Paul McHugh, professeur de psychiatrie à John Hoppkins, mit définitivement un terme aux opérations de changement de sexe quand il avait la responsabilité de l’école de médecine. Il mit fin aux opérations chirurgicales qui étaient organisées pour satisfaire les fantaisies de gens qui avaient plus besoin d’une aide clinique que de chirurgie pour les amputer de leurs testicules. Le désir de ces opération était né, disait-il, de l’idée que « l’identité sexuelle était une question de conditionnement culturel plus que de quelque chose de fondamental à la condition humaine »

Mais les résultats, avec le temps, ont démenti de façon frappante cette théorie. Les garçons « reconstruits » en filles « se comportaient dans leurs jeux spontanément comme des garçons » – ils préféraient des « jeux rudes et violents aux poupées. Et plus tard, rapportait McHugh, la plupart d’entre eux , apprenant qu’ils étaient « génétiquement des mâles » voulaient « reconstituer leur vie » même si cela signifiait, pour ils redeviennent comme ils étaient avant, opérations et replacement des hormones.

Une question subsiste encore pour moi : comment tant de personnes douées administrateurs de nos collèges désirent les voir constitués sur des bases qui présentent la plus éclatante, la plus impudente indifférence pour la vérité. Ces hommes et ces femmes se sont-ils maintenant installés confortablement dans l’idée que, quoi que représentent nos collèges dans notre culture, le respect de la vérité n’est plus un de leurs traits caractéristiques ?

mardi 3 novembre 2015

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Hadley Arkes est professeur de jurisprudence au Armherst College. Il est le fondateur et le directeur de l’Institut James Wilson pour les Droits Naturels. Ses plus récents ouvrages : Constitutional Illusions and Anchoring Truths [« Illusions constitutionnelles et Vérités enracinées »], The Touchstone of the Natural Law [« La pierre de touche de la loi naturelle »].


Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/11/03/from-pilate-to-the-colleges-what-is-truth/