Le sujet n’est pas absolument prioritaire dans l’actuelle campagne électorale, mais il n’est pas négligeable. Faut-il construire de nouvelles prisons ? Si l’on se fie au chiffre qui vient d’être publié, le 1er mars, un nouveau record vient d’être battu, avec 69430 personnes incarcérées. Or, nos prisons ne peuvent accueillir que 58664 personnes, ce qui signifie que 1822 détenus sont installés directement sur le sol. Les statistiques semblent donc plaider pour un plan de construction conséquent, d’autant qu’il est fait état du délabrement d’une bonne part de notre patrimoine pénitentiaire. Le gouvernement actuel s’est prononcé, notamment par la voix du garde des Sceaux, en faveur de nouvelles prisons. Et parmi les candidats à la présidence de la République, François Fillon et Marine Le Pen entendent lutter contre l’insécurité par une politique plus répressive.
Le débat n’est pas nouveau. Christiane Taubira s’est attiré des critiques sévères pour ce que ses adversaires considéraient être du laxisme ou de l’angélisme. Est-il envisageable de multiplier les solutions alternatives ? Pour certains spécialistes, la stigmatisation du « tout carcéral » est démagogique. Le bracelet électronique est déjà largement utilisé, et on ne peut envisager sérieusement d’en faire un substitut à la peine carcérale. Nous serions en retard par rapport à nos partenaires européens, comme l’Espagne, l’Allemagne et la Grande-Bretagne qui n’ont pas hésité à développer leur capacité pénitentiaire.
J’ai quelques scrupules à donner un avis personnel, faute de véritable compétence. Mais il me semble tout de même qu’il y a une juste mesure à sauvegarder. Je n’ai nulle envie qu’une politique ultra répressive nous mette au niveau de ce qui se passe en Turquie et en Russie, et même aux États-Unis. De ce point de vue, nos amis américains battent tous les records avec plus de deux millions de personnes emprisonnées (dont une part effrayante de jeunes noirs). Proportionnellement à la population, c’est sept fois plus que chez nous. La prison est un mal nécessaire, mais elle n’est pas le remède absolu.