De la « saleté dans l’Église » et de l’amour de la vérité. Abus sexuels : le Vatican pour l'imprescriptibilité - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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De la « saleté dans l’Église » et de l’amour de la vérité. Abus sexuels : le Vatican pour l’imprescriptibilité

Nous reviendrons sur la question des abus sexuels à l'égard des mineurs. Constatons, pour commencer, que l'Église est l'institution qui a sans doute pris le problème le plus au sérieux. Nous conseillons à nos lecteurs équipés d'internet d'écouter l'émission de Radio Notre-Dame "Le grand témoin", du 17 mars, avec Mgr Tony Anatrella - et l'éditorial de Gérard Leclerc dans cette émission - pour commencer à mesurer l'ampleur de la question.
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Le vatican souhaite l’imprescriptibilité en cas d’abus sexuel sur mineur. Et l’on se souvient peut-être d’un très proche collaborateur de Jean-Paul II qui a dénoncé un jour publiquement la « saleté dans l’Église ». C’était le Vendredi saint 2005, au Colisée, lors du Chemin de Croix, et donc en mondovision ! C’était aussi le Chemin de douleur de Jean-Paul II, assis dans sa chapelle privée, appuyé sur la croix. Choisi par Jean-Paul II, l’auteur des méditations de la Passion du Christ n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé la « saleté » dans l’Eglise. Et il savait de quoi il parlait, il était Préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il avait les dossiers en main. Joseph Ratzinger voulait – il veut – toute la lumière. Pour que cela n’arrive jamais plus.

Mais on l’accuse. « Le scandale des abus sexuels éclabousse le Pape », martèle la télévision. Le Pape, lui, est infiniment plus affligé par les faits : 300 cas de pédophilie en 9 ans, qu’il a dénoncés comme des « crimes odieux ».

Depuis le motu proprio de 2001, le crime pédophile relève de la compétence exclusive de la Doctrine de la Foi : « le cardinal Ratzinger a géré avec fermeté ces affaires », a révélé ce samedi 13 mars, dans le quotidien catholique italien Avvenire, Mgr Charles J. Scicluna, le « promoteur de justice » ou Ministère public du tribunal de la congrégation, un « dur » disent certains, tant sa rigueur à lui aussi impressionne.

L’évêque, contraint d’enquêter

Mgr Scicluna ajoute : « Le cardinal Ratzinger a en outre fait preuve de courage dans le traitement de cas extrêmement délicats. Accuser le Pape actuel d’avoir occulté la question est pure calomnie ».

Il précise la démarche à suivre par un évêque en cas de dénonciation d’un de ses prêtres : « Si l’accusation est vraisemblable, son évêque est contraint d’enquêter tant sur l’objet de la démarche que sur sa validité. Si l’enquête préliminaire confirme l’accusation, il n’a plus le pouvoir d’agir et doit transmettre le dossier au Bureau disciplinaire de notre congrégation ».
Plus encore, Mgr Scicluna donne des chiffres qui permettent de regarder la réalité en face: 3000 cas traités par la congrégation. « Dans 60 % des cas, on a affaire à des actes d’ « éphébophilie », c’est-à-dire d’attraction physique pour des adolescents de même sexe. Dans 30 % des cas, il s’agit d’attirance hétérosexuelle, et pour les 10 % restant, il s’agit de véritable attraction physique pour des garçons impubères. En neuf ans, les cas de prêtres accusés de pédophilie sont donc environ 300. Trop certes, mais il faut constater que le phénomène n’est pas étendu comme on veut le faire croire ».

Pas d’absolution

Et comme il y a procès, il y a sanctions. « Dans 20 % des cas, le procès, pénal ou administratif, s’est déroulé sous notre supervision dans le diocèse de compétence, indique Mgr Scicluna. Très rarement il y a un procès au Vatican, ce qui permet aussi d’accélérer l’iter. Dans 60 % des cas, principalement à cause de l’âge avancé des accusés, on n’engage pas de procès, mais des mesures disciplinaires sont prises à leur encontre, comme l’interdiction de célébrer la messe en public et de confesser, ou l’obligation de conduire une vie retirée et de pénitence ».

Pour le Procureur, il ne s’agit « absolument pas d’absolution », car « même s’il n’y a pas eu de condamnation formelle, la réduction au silence et l’obligation de prière a tout son sens ».

Pour le reste des cas, d’autres sanctions ont été prises : « Pour une moitié des autres cas, particulièrement graves, avec des preuves indubitables, le Pape a pris la douloureuse responsabilité de la réduction à l’état laïc. Il s’agit d’une mesure extrême mais inévitable. L’autre moitié, ce sont les prêtres qui ont demandé à être relevés de leurs devoirs sacerdotaux. On compte parmi eux des prêtres trouvés en possession de matériel pédo-pornographique, condamnés pour ce délit par la justice civile ».

La capacité d’exercer le ministère

La majorité des 3000 cas signalés viennent des États Unis : 80 % des cas en 2003-2004. En 2009, la proportion est tombée à 25 %, sur les 223 nouveaux dossiers venant du monde entier. En 2007-2009, la moyenne annuelle des cas signalés à la congrégation a été de 250.

Mgr Scicluna signale aussi que, dans certains cas, le prêtre a été innocenté, ou bien les accusations n’ont pu être suffisamment démontrées. « Dans chaque cas, on évalue la culpabilité de l’accusé, mais aussi sa capacité à exercer son ministère », ajoute le « promoteur de justice ».
Pour ce qui est du rapport à la loi civile, il précise : « Dans les pays de culture juridique anglo-saxonne, mais aussi en France, les évêques prennent généralement connaissance des crimes commis par leurs prêtres hors confession, ce qui les oblige à recourir à l’autorité judiciaire. C’est une situation grave car ces évêques sont comme un parent contraint à dénoncer son fils. Dans ces cas, nous recommandons de respecter la loi civile ».

L’intérêt des victimes

La congrégation, ajoute Mgr Scicluna « encourage les évêques à inviter les victimes à dénoncer leur bourreaux », et « à fournir à ces victimes toute l’assistance nécessaire, et pas strictement spirituelle ».

Il cite un exemple : « Dans le cas récent d’un prêtre condamné par un tribunal civil italien, c’est la congrégation qui a suggéré aux dénonciateurs réclamant une procédure canonique d’alerter la justice civile. Ceci dans l’intérêt des victimes et pour éviter de nouveaux actes délictueux ».

Enfin, pour ce qui est de la prescription, fixée à dix ans par le motu proprio de 2001, à partir de la 18e année de la victime, Mgr Scicluna souhaite qu’elle soit supprimée: « La pratique a montré que ce terme décennal n’est pas adapté à ce type d’affaires. Il serait bon de retourner au système précédent fixant l’imprescriptibilité de ces Delicta Graviora ». Il fait observer que, pour cette raison, « le 7 novembre 2002, Jean-Paul II a donné à la Congrégation pour la doctrine de la foi une faculté de dérogation au cas par cas, sur demande motivée de l’évêque intéressé » et que « généralement, elle est accordée ».

Injustice des médias

Les titres des journaux télévisés suffisent pour comprendre que la vérité n’est pas pour le moment le critère de l’information sur ces affaires d’abus sexuels dans l’Église. Une injustice médiatique que ce manque de vérité. Envers les prêtres, envers le Saint-Père. Et donc aussi envers nous, catholiques.

Car la très grande majorité de nos prêtres – ils sont 400.000 prêtres catholiques dans le monde, diocésains et religieux – est hors de cause. Et hélas, la majorité des abus sexuels sont le fait, à l’intérieur des familles, de personnes qui n’ont pas choisi le célibat…

L’Osservatore Romano en italien du 14 mars dit en première page: « La rigueur de Benoît XVI contre la saleté dans l’Eglise ». Pourquoi le journal télévisé disait-il le contraire ? Tant que les titres iront dans le même sens, c’est décidé, je zappe. Jeûne de JT et prière. C’est la vérité qui rend libre.