Les discours de Vladimir Poutine et d’Emmanuel Macron, prononcés le 9 mai, auxquels il conviendrait d’ajouter celui de Volodymyr Zelensky ont eu au moins le mérite de relancer la réflexion sur l’avenir de l’Europe. L’avenir à imaginer au-delà de la guerre, dont il faut souhaiter qu’elle s’arrête au plus vite. Une première question semble bien se poser. Cette Europe se définit-elle par une frontière avec la Russie ? Par le passé, on s’était déjà interrogé sur la nécessité pour la construction européenne de définir exactement ses limites géographiques. Jusqu’à la chute du mur de Berlin, un rideau de fer séparait notre continent en deux, ce qui imposait des limites qui n’avaient rien de géographiques. Une fois le rideau de fer tombé, tout était remis en cause. L’Europe allait recouvrir son unité, mais qu’en était-il de ses relations avec l’ancienne URSS ?
Était-ce le moment de s’interroger sur la formule fameuse du général de Gaulle, « l’Europe de l’Atlantique jusqu’à l’Oural » ? Elle avait été prononcée pour la première fois en 1950 et elle signifiait que dans l’esprit du général, subsistait une Russie éternelle, qui réapparaîtrait une fois le régime soviétique aboli. Le fondateur de la Ve République n’a pas vécu le renversement qui s’est produit une vingtaine d’années après sa mort, mais on peut présumer que s’il l’avait vécu, il aurait manœuvré en faveur d’un rapprochement avec Moscou, avec d’autant plus de conviction qu’il le préconisait depuis toujours.
Mais c’est bien Vladimir Poutine qui semble lui donner tort aujourd’hui, par un refus obstiné d’une entente qui mettrait fin à l’opposition Est-Ouest. Sans doute ne faut-il pas oublier le rôle des États-Unis et la subsistance de l’alliance Atlantique, qui continue à donner le sentiment d’un bras de fer. Mais le refus absolu d’un compromis sur l’Ukraine qui ne saurait se séparer de l’empire russe indique que l’Europe est contrainte à une frontière qui ne saurait être celle de l’Oural.