Davos... - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Davos…

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Chaque hiver, toute une élite mondiale se rassemble à Davos, en Suisse. C’est Jean-Pierre Chevènement qui parlait des élites mondialisées. Peut-être songeait-il au cadre exceptionnel de cette station d’hiver qui donne lieu à un événement où la planète se donne en spectacle. Par planète, j’entends la planète sérieuse, celle de l’économie, des entrepreneurs et des banquiers ainsi que de ceux qui les conseillent, accompagnés des politiques dont on s’accorde à dire que le rôle régulateur est de plus en plus médiocre par rapport aux marchés tout-puissants. Je ne me suis jamais rendu à ces rencontres mais j’imagine qu’elles ont quelque chose de fascinant, avec la certitude qu’en ce petit canton de l’univers, tout ce qui est grand dans l’ordre de la puissance se trouve concentré.

Et pourtant je ne parviens pas à identifier pleinement le nom de Davos à cet événement formidable, sans doute parce que je suis un littéraire impénitent dont l’esprit demeure captif de mythes plus familiers à mon imagination. Peut-être avez-vous lu le roman envoûtant de Thomas Mann La montagne magique ? En ce cas, il ne vous a pas échappé qu’il s’agissait bien de Davos et plus précisément d’un lieu qui domine la station, où le romancier a imaginé des personnages, des échanges, des destins avec une force telle que c’est toute l’Europe du début du XXe siècle qui y frémit, à tel point que notre représentation d’une tranche d’histoire ne peut plus se séparer de l’écriture du grand Thomas Mann et de l’empreinte qu’il a inscrite dans nos têtes.

Pour aggraver mon cas, j’ajouterai que Davos est aussi le lieu d’un événement philosophique d’une importance équivalente dans son ordre à La montagne magique. Je n’ai pas le temps de détailler, mais c’est aussi dans cette station d’hiver qu’eut lieu une mémorable discussion entre deux philosophes majeurs du XXe siècle, Ernst Cassirer et Martin Heidegger. Encore aujourd’hui, les spécialistes dissertent sur ce face-à-face qui mettait en jeu le sens de ce siècle tragique. Je n’entends nullement minorer l’importance du Davos de l’économie mondialisée, mais j’espère rappeler aussi, en m’inspirant de Pascal, qu’il y a divers ordres de grandeurs humaines et qu’il serait dommage d’oublier le Davos de Thomas Mann et celui de Cassirer et de Heidegger.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 24 janvier 2013.