Dante et le féminisme - France Catholique
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Dante et le féminisme

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Dante et Béatrice, 1882-1884, Henry Holiday.

Dante et Béatrice, 1882-1884, Henry Holiday.

Le septième centenaire de la mort de Dante Alighieri a été célébré comme il se doit par nos amis italiens qui reconnaissent dans l’auteur de La divine comédie le génie même de leur langue. Je fus un peu associé à cet anniversaire par des lectures. Notamment une biographie du grand homme de Florence, la superbe ville qui fut si ingrate à l’égard du génie qu’elle avait abrité. Une nouvelle traduction de l’œuvre majeure à l’initiative de René de Ceccatty m’a également retenu pour mieux comprendre son étonnante densité. Faut-il parler de son actualité ? Oui, sans aucun doute, parce que la grande culture est toujours actuelle, échappant aux caprices de la mode. Ce qui est le dernier cri aujourd’hui sera demain périmé, ringard comme on dit.

À ce propos je me suis posé une question très actuelle. Régis Debray accorde qu’il y a eu en notre temps deux révolutions décisives, celle du numérique et celle du féminisme. J’en serais assez d’accord avec lui. Mais la lecture de Dante m’inspire aussi l’idée qu’il y a dans La divine comédie une sorte de glorification extraordinaire de la femme en la personne de Béatrice. On sait qu’à l’origine il s’agit bel et bien d’un amour de jeunesse, mais cet amour a été comme transfiguré. Cette transfiguration n’a pas toujours été bien vue par nos féministes modernes. Simone de Beauvoir y discerne au contraire une manière de passer à côté de la femme réelle et elle fait crédit à Stendhal d’avoir ignoré cette idéalisation qui constitue un piège pour mieux enfermer la femme dans une condition subordonnée. Je ne suis pas persuadé pour ma part que la femme ait toujours gagné à l’entreprise féministe de démystification mais il faudrait pouvoir s’en expliquer plus avant.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 décembre 2021.