Danielle Mitterrand - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Danielle Mitterrand

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Presque tout a été dit à sur Danielle Mitterrand hier toute la journée, dès que la nouvelle de son décès à l’hôpital Pompidou a été connue. L’hommage a été unanime, gauche et droite réunies, à l’égard d’une femme dont le courage était la vertu dominante. Épouse d’un président de la République présent à l’Élysée durant 14 ans, elle n’a jamais voulu s’aligner sur la politique officielle, prenant parfois ses distances par rapport au Quai d’Orsay. Et même à l’Élysée. Alain Duhamel a raconté comment il avait été témoin, dans le bureau présidentiel, d’une véritable algarade de Mitterrand à son épouse, qui visiblement était sortie des clous.

La rencontre du jeune François Mitterrand et de Danielle Gouze s’était produite durant les combats de la Résistance, alors que se retrouvaient dans une cause commune des personnages venus de traditions intellectuelles très différentes, voire opposées. Ce n’est pas pour rien qu’Aragon a écrit son poème sur « celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ». C’était le cas des deux jeunes gens. Mitterrand venait d’une famille très catholique de Charente. Danielle était issue d’une famille du Morvan, engagée à gauche, laïque et même anticléricale. Pour le jeune homme, sa rencontre fut l’occasion de côtoyer l’autre France, celle à laquelle il n’appartenait pas. Cette opposition ne devait pas empêcher un mariage religieux qui eut lieu dans la belle église Saint-Séverin.

Mais Danielle allait quand même entraîner François dans le camp laïque, ce qui ne fut pas sans conséquence au début de son premier septennat, avec le projet d’un grand service public qui devait intégrer l’enseignement catholique. Les oppositions familiales se retrouvèrent, notamment avec l’affrontement de Danielle et de la sœur cadette du président, Geneviève Delachenal, qui défendait l’école libre. Je sais, par ailleurs, que la militante laïque était assez ouverte aux grandes questions de l’existence, pour s’en entretenir avec un religieux de ma connaissance. Mais il faut laisser cette âme à son secret qui, de toute façon, était lié à une haute conception de la dignité humaine.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 23 novembre 2011