D’où vient notre époque - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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D’où vient notre époque

par Jean Étèvenaux © acip
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Il faut, au moins de temps à autre, s’abstraire de la politique quotidienne et réfléchir à l’enchaînement des faits qui ont abouti au monde dans lequel nous vivons. Un certain nombre d’ouvrages peuvent être recommandés pour y aider.

Dans une perspective générale s’appuyant sur des approches très précises, Christian Grataloup propose une Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du monde (Armand Colin, Paris, 2007, 256 pages), belle réflexion sur, entre autres, la place de l’Europe, « tard venue » mais qui « impose son rythme » pour plusieurs siècles. Jean-Noël Robert, lui, place avec beaucoup de nuances Rome, la gloire et la liberté. Aux sources de l’identité européenne (Les Belles Lettres, Paris, 2008, 384 pages). Quant à Sylvain Gouguenheim, évidemment pourchassé par les tenants du conformisme politique et historique — comme le fut il y a quatre ans Olivier Pétré-Grenouilleau avec Les traites négrières —, il expose, dans Aristote au mont Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne (Seuil, Paris, 2008, 288 pages), ce qui va à l’encontre de « la thèse d’un islam civilisateur, pionnier, au génie exceptionnel, auquel l’Occident devrait tout ».

Au cœur de la période médiévale, Patrick Huchet invite à se rendre Sur les pas de saint Louis (Ouest-France, Rennes, 2008, 128 pages), souverain dont il montre la place en Europe. Plus généralement, Gabriel Dubois retrace La saga capétienne d’Hugues Capet à Louis XVI (Tempora, Perpignan, 2008, 672 pages), restituant la dimension religieuse d’une monarchie qui, de la France, « a juste la jouissance » et qui reste fondamentalement « un régime d’équilibre ». Cela n’empêche pas d’apprécier le rôle tenu ensuite par un souverain encore méconnu et décrié, à travers notamment deux ouvrages : Napoléon III (Tallandier, Paris, 2008, 752 pages) détaillé par Éric Anceau et Napoléon III le mal-aimé (Les Belles Lettres, Paris, 2008, 242 pages) raconté par Lucian Boia.

Pour remettre en cause les idées reçues et voir notamment comment « la civilisation […] n’est qu’un travail de termites, destiné à être anéanti par le métabolisme de la terre », Sandro Landi s’est attelé à la biographie de Machiavel (Ellipses, Paris, 2008, 4 + 308 pages). Quant à l’acception courante du mot machiavélisme, elle conduit David Pryce-Jones à pourfendre Un siècle de trahison. La diplomatie française et les Juifs 1894-2007 (Denoël, Paris, 2008, 256 pages) car le quai d’Orsay et nombre de dirigeants et penseurs n’ont jamais, selon lui, songé qu’à « la constitution d’un vaste bloc euro-arabe […] héritant du rêve d’empire franco-arabe bâti sous Napoléon III ».

La question de l’antisémitisme lors de la Seconde Guerre mondiale est magistralement traitée par Simon Epstein dans Un paradoxe français. Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance (Albin Michel, Paris, 2008, 624 pages) — avec un remarquable chapitre sur François Mitterrand. De même, Patrick Buisson sort des clichés sur l’ordre moral dans son 1940-1945 Années érotiques. Vichy ou les infortunes de la vertu (Albin Michel, Pars, 2008, 574 pages).
Pour comprendre les « diversités européennes », on recommandera volontiers la lecture de l’étude très fouillée de Tony Judt, Après guerre. Une histoire de l’Europe depuis 1945 (Armand Colin, Paris, 2007, 1024 pages). En se limitant à notre pays, on pourra consulter, outre l’assez sommaire France du ministère des Affaires étrangères et européennes (Paris, 2008, 160 pages), deux autres publications de la Documentation française, L’identité nationale (Cahiers français n° 342, janvier-février 2008) et La France en 2007 (Paris, 2008, 160 pages).