Cuba : une Église pacificatrice - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Cuba : une Église pacificatrice

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Depuis la visite mémorable de Jean-Paul II à Cuba en 1998, la situation du pays a singulièrement changé. Le Lider maximo a pris sa retraite en laissant la responsabilité du pouvoir à son frère Raúl qui s’est distingué par son pragmatisme, en faisant évoluer la société et l’économie vers une forme de capitalisme dirigé, à l’exemple de la Chine communiste. En même temps, l’Église catholique est devenue l’interlocutrice privilégiée du régime, ce qui était cohérent avec la démarche de Fidel Castro accueillant Jean-Paul II. Il s’agissait bien d’une initiative politique, qui dépassait la question de la liberté religieuse. En choisissant le pape comme interlocuteur, le dictateur s’adressait à un médiateur libre de ses jugements et même critique à l’égard des formes déréglées de libéralisme économique. L’Église était d’autant plus disposée à répondre favorablement à l’invitation, qu’elle était la seule à pouvoir agir efficacement au service d’une mutation progressive de Cuba, en évitant tous les périls des dérapages sanglants.

C’est ce que nous avait expliqué alors notre grand ami Georges Valls, qui, depuis son exil de Miami observait attentivement les événements. Lui-même aurait eu bien des raisons de récuser un processus de compromis avec un système qui l’avait emprisonné pendant plus de vingt ans et qui avait tenu tout un peuple en résidence surveillée. Mais le chrétien abandonnait tout ressentiment face à l’avenir qu’il fallait ouvrir obstinément : « Nous devons pardonner les erreurs, les iniquités, les crimes, en songeant à la génération future. »

Benoît XVI s’est donc retrouvé en héritier de cette évolution difficile à négocier, car il n’est pas évident d’être médiateur sans être instrumentalisé par son interlocuteur. Il faut garder son indépendance à l’égard de tous, s’efforcer de ne pas susciter la méfiance de l’opposition. L’Église cubaine avait besoin de cette visite, pour mieux assumer les conditions de sa mission, dans l’espoir de la renaissance de l’île et l’espérance de son propre renouveau.