Si l’on se fie aux statistiques publiées chaque année par l’Annuaire pontifical, le nombre des catholiques continue à croître dans le monde. Par rapport à l’année dernière, il y aurait quinze millions de personnes en plus à avoir reçu le baptême dans notre Église. En même temps, on observe la continuation des tendances lourdes enregistrées ces dernières décennies. Tandis qu’il y a baisse ou relative stagnation en Europe et en Amérique du Nord, le développement du catholicisme se confirme en Afrique et en Asie, avec un nombre toujours supérieur de séminaristes, de prêtres et de religieuses. Autant nous pouvons nous réjouir de la croissance du Royaume dans ce qu’on appelait hier les terres de mission, sans ignorer d’ailleurs les difficultés considérables des jeunes Églises, autant la déchristianisation de l’Europe demeure pour nous un sujet lancinant d’inquiétude.
Rien de plus significatif à ce propos que la lecture approfondie du Guide 2012 de l’Église catholique en France qui vient aussi de paraître. À première vue, l’essentiel de ce livre concerne la présentation des évêques en charge de nos diocèses. Mais la simple indication du nombre de prêtres en activité donne une idée précise de la situation religieuse et même – disons-le – de l’état des forces. Pour peu qu’on connaisse par ailleurs d’une façon un peu précise la géographie humaine des territoires, on se trouve brutalement placé devant des réalités implacables. Là où autrefois ces territoires étaient quadrillés par un presbytérium de cinq cents prêtres, ils sont parfois moins de cinquante à subvenir à la tâche. Faut-il se décourager ? Évidemment non, parce que seule la force de l’Esprit est à même de nous inspirer dans les pires difficultés. Il se trouve aussi qu’il existe des forces neuves qui s’affirment dans les pires pénuries, et leur éclosion n’est pas sans raisons supérieures.
Lorsque les abbés Godin et Daniel publiaient leur fameux brûlot France pays de mission, ils étaient très loin d’anticiper sur l’immense dépression spirituelle encore à venir. C’est dire si l’évangélisation est plus que jamais d’actualité chez nous. Il n’est d’ailleurs aucun des maux sociaux actuels qui ne soit en rapport avec la déchristianisation de nos sociétés.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LES MALADIES DE LA DÉMOCRATIE ÉLECTIVE : COMMENT N’ÉTRE PAS DÉSABUSÉ ?