Croire, est-ce bien raisonnable ? - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Croire, est-ce bien raisonnable ?

Il faut revenir à l'apologétique pour montrer que la foi chrétienne est crédible.
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À l’invitation de l’apôtre Pierre, il s’agit de « rendre raison de l’espérance qui est en nous » (I P. 3, 15). C’est-à-dire de montrer que les articles de notre foi sont non seulement cohérents, mais encore très probablement vrais. Comme disait saint Paul (Rm 12, 1), notre culte est raisonnable. On peut donc en faire l’apologie (du grec apologia  : défense).

Mais, chose frappante, sous l’effet du relativisme contemporain, beaucoup de chrétiens ont eux-mêmes perdu l’habitude de défendre leur foi par des arguments rationnels. Pire que cela : l’idée qu’elle puisse être vraie leur est sortie de la tête. Ils se bornent à penser qu’il s’agit d’une « belle idée, bonne pour le moral ». C’est donc bien souvent de l’intérieur même de la communauté chrétienne actuelle que viendront les objections contre l’apologétique. Voici la principale : « Si l’on pouvait prouver la vérité de la religion chrétienne, alors nous ne serions plus libres de croire ou de ne pas croire, ce serait la mort de la foi ! »

Confusion entre foi et croyance

Cette objection repose sur une confusion entre la foi et la croyance. Commençons par la croyance : il s’agit de l’état mental consistant à tenir pour vraie une proposition quelconque. Par exemple : je crois que le chat est dans le salon, ou je crois que Dieu existe ou je crois que les Évangiles sont des documents fiables. Cet acte intellectuel n’a rien de volontaire : vous ne pouvez pas décider, à volonté, de croire que 2 + 2 = 5 ou qu’il fera beau demain.

Les croyances valent ce que valent les raisons que vous avez de les entretenir. Il est ainsi possible d’arriver à un haut degré de certitude sur l’existence de Dieu, la fiabilité des évangiles, et même la messianité de Jésus… L’Église a d’ailleurs toujours professé qu’il était possible, de manière purement rationnelle, de démontrer l’existence de Dieu et de parvenir à de véritables certitudes historiques sur l’existence même de la Révélation – voir les Actes du Premier Concile du Vatican. Est-ce à dire que la foi s’acquiert comme une science ? Non, pas du tout ! Car la foi est bien autre chose qu’un acte de croyance intellectuelle.

Les démons croient aussi

La foi n’est pas un état intellectuel, c’est un acte d’engagement libre consistant à mettre sa confiance en Dieu et à conformer sa vie à sa parole. Et cela, aucune démonstration ne peut vous y contraindre. On peut fort bien imaginer que quelqu’un sache que Dieu existe et que Jésus est son fils, et refuse pourtant sa confiance et sa vie. C’est d’ailleurs ce que dit l’épître de Jacques : « Les démons croient eux aussi, et ils tremblent. » Pourquoi ? Eh bien parce qu’ils savent que Jésus est Dieu, mais ils n’ont pas la foi qui sauve ! Ils croient mais ils n’ont pas la foi. Car seule mérite vraiment le nom de foi au sens plein, la foi-amour, la foi-confiance.

Certains diront alors que la croyance intellectuelle, fondée sur des preuves, ne sert à rien. Mais ce serait passer d’un excès à l’autre. En réalité, et le plus souvent, la première peut constituer la première étape de la seconde. Logiquement, c’est même assez imparable : pour aimer quelqu’un, lui faire confiance, il n’est pas inutile de croire qu’il existe ! Classiquement, on considère donc que la foi-croyance est la condition nécessaire mais non suffisante de la foi-amour. Il serait donc absurde de ne pas y travailler, au moyen de l’apologétique, au motif qu’elle ne suffit pas à obtenir le salut.