Cristeros (2) - France Catholique
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Cristeros (2)

La prochaine sortie en salles, le 14 mai 2014, du film Cristeros donne l’occasion d’apporter un éclairage nouveau sur cette histoire oubliée, qui s’inscrit dans l’histoire universelle au même titre que celle des croisades ou des guerres de Vendée.
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En 1917 le Mexique adopte la Constitution dite de Querétaro, première constitution socialiste du monde.

Celle-ci impose, entre autres dispositions, l’école laïque obligatoire (art. 3), l’interdiction des vœux monastiques (art. 5), la suppression des cultes publiques (art. 24) et de la propriété ecclésiastique (art. 27), l’abolition de la personnalité juridique de l’Église et la création d’un registre du clergé (art. 130).

Plutarco Elias Calles disait à l’époque : « Les églises sont des vraies antres de corruption. Les curés sont les ennemis irréconciliables de la civilisation et des révolutions libertaires… Je voudrais que toutes les villes de la république soient comme la mienne. Dans ma ville la plupart des habitants ne sont pas baptisés. Mes enfants non plus ne sont pas baptisés et n’ont pas de noms chrétiens. Ils ont des chiffres comme noms… ».  

Lorsqu’il deviendra président du Mexique, le 1er décembre 1924, Calles se chargera de faire appliquer les dispositions constitutionnelles, en s’octroyant lui-même des facultés extraordinaires pour reformer le Code pénal.

La nouvelle loi pénale, dite « loi Calles », ordonnait l’expulsion les prêtres étrangers, condamnait à 6 ans de prison  les prêtres qui, par écrit ou verbalement, incitaient à la méconnaissance des institutions ou à la désobéissance aux lois et à 5 ans de prison ceux qui critiquaient le gouvernement, interdisait aux publications religieuses de commenter les affaires politiques, prohibait la célébration de la messe en dehors des églises placées sous la surveillance du gouvernement…

Avec ses dispositions, la loi Calles interdisait, en pratique, le culte catholique.

Dans le consistoire du 14 décembre 1925 Pie XI déclarait « …La condition des catholiques mexicains ne cesse d’empirer et est chaque jour plus triste… l’espérance de temps meilleurs (pour le Mexique) ont ne peut que la placer dans une particulière intervention de la bonté divine… ».

Il indiquerait par la suite le 2 février 1926 dans sa lettre apostolique Paterna Sane adressé aux évêques mexicains que les prescriptions imposées par les ennemis de l’Église aux catholiques ne méritaient pas d’être dénommées lois, étant donné qu’elles n’étaient pas dictées par la juste raison.

Le samedi saint de 1926 Pie XI demandait au diocèse de Rome de prier pour le peuple et le clergé mexicain « …où la situation s’est tellement détériorée qu’elle s’est transformée en une vrai persécution… ».

Le 26 juillet 1926 le Cardinal Gasparri adressait, à l’ensemble des nonces apostoliques, une demande pour faire prier leurs fidèles pour « l’arrêt de la persécution au Mexique et la conversion des coupables ».

En réponse aux mesures antireligieuses adoptées par le gouvernement socialiste, des hommes de bonne volonté, issus de la société civile, ont crée la « Liga Nacional Defensora de La Libertad Religiosa », dénommée communément la Liga.

La Liga avait pour programme de conquérir la liberté religieuse et toutes celles qui en découlent, soit la liberté d’enseignement et l’application du droit commun aux catholiques.

C’est au sein de la Liga, et notamment à l’initiative d’Anacleto Gonzáles Flores, qu’est née l’idée d’organiser un boycott économique.

Le 7 juillet 1926, cinq millions de ballons comportant comme consigne de ne pas acheter autre chose que les biens quotidiens indispensables, d’utiliser le moins possible les voitures, d’éviter toute sorte de divertissement (public ou privé), de limiter la consommation d’énergie électrique et de retirer les enfants des écoles laïques, ont été lâchés sur la ville de Mexico.

Les résultats ne se sont pas fait attendre :

le business a chuté de 75% entre les mois d’août et de décembre 1926 ;

800 professeurs de primaire ont présenté leur démission pour ne plus être sous les ordres du gouvernement et 22000 enfants (sur les 25000 scolarisés) ont cessé d’aller à l’école.

Le gouvernement a déclaré le boycott « criminel et séditieux ».
 
La Liga avait par ailleurs réuni une pétition d’un million de signatures, alors que la population totale du Mexique était de quinze millions à l’époque, pour demander l’abrogation de la loi Calles.

La pétition a été a classée, sans même être examinée, dans les archives du Congrès mexicain.

Face au mépris du gouvernement, et pour tenter de calmer les esprits, les évêques mexicains ont décidé de suspendre le culte, dès l’entrée en vigueur de la loi Calles.

C’est ainsi que le 25 juillet 1926 le Comité épiscopal mexicain a publié une lettre signée par 8 archevêques et 28 évêques selon laquelle : « … Placés dans l’impossibilité d’exercer notre ministère sacré, et après avoir consulté et obtenu l’accord du Saint-Père Pie XI, qui a approuvé notre décision, ont ordonne qu’à compter du 31 juillet de l’année en cours, et jusqu’à nouvel ordre, tout acte de culte publique qui exige la participation d’un prêtre soit suspendu dans toutes les églises de la république… ».  

Loin d’apaiser les esprits, cette décision va mettre le feu aux poudres.

Pendant une semaine les habitants des coins les plus reculés du Mexique se sont précipités aux églises les plus proches, souvent à quelques jours de marche, pour baptiser les derniers nés, se confesser et communier une dernière fois.

D’après les mémoires d’un Cristero, le 31 juillet 1926 il y a eu dans toutes les églises du Mexique à minuit une dernière messe, puis « … à la fin de la messe, le prêtre a donné comme signe d’adieu la bénédiction avec le saint sacrement. Puis tout est resté dans l’obscurité et dans le silence. Mon Dieu ! Comment vous expliquer cette heure terrible ? Mes nerfs sont crispés et ma main tremble lorsque j’écris ce que j’entendais et je voyais. On venait de retirer le père à ses enfants. On était devenus des orphelins. L’église était une mer de pleurs et gémissements. Les gens sortaient aux milieux des ténèbres… »
   
« Dieu s’en va des autels » criaient les gens.

« Il n’est plus ici » on pouvait lire sur des banderoles placées devant les tabernacles.

À cet instant, la foule a pris conscience de ce qu’elle avait perdu et a décidé de lutter pour reconquérir le culte qui lui avait été quitté.

C’est le début de la Christiade.
 
La Christiade a été un rassemblement spontané, un cri de sursaut dans l’agonie d’un peuple mis à genoux par le pouvoir central.

Elle a trouvée son inspiration dans le cœur de chaque homme.
 
L’histoire des Cristeros est celle de la persévérance des humbles contre la superbe et la violence des tout-puissants et l’espérance des faibles toisant avec fierté les certitudes du système socialiste du président Calles.

Comment les soldats du Christ roi sont arrivés sur vos écrans.

Cristeros

Cristeros sur Allocine.

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