Crise persistante des vocations religieuses aux États-Unis. - France Catholique
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Crise persistante des vocations religieuses aux États-Unis.

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J’ai trouvé récemment des données intéressantes sur la pénurie de prêtres dans notre pays, en particulier dans les grands archevêchés. Il semble que l’archidiocèse de Los Angeles n’a ordonné que sept prêtres en 2017 pour plus de quatre millions de catholiques. Ce qui m’a rappelé les chiffres des vocations qui ont frappé pendant des siècles les grands archevêchés d’Amérique du Sud. J’ai alors consulté les chiffres de nos autres grands archevêchés, et il faut avouer que c’est plutôt sidérant.

Considérons les cinq plus importants : Los Angeles, Chicago, Boston, New York et Houston. En 2017 ces cinq archevêchés ont procédé à trente-trois ordinations pour une population de douze millions et demi de catholiques. (Comparons encore avec cette longue pénurie de vocations en Amérique du Sud où il fallut faire appel à des prêtres provenant d’autres continents.) Chez nous également des prêtres nouvellement ordonnés sont, en nombre significatif, nés à l’étranger. Voici un demi-siècle, 33 ordinations auraient représenté un effectif moyen pour un seul grand archevêché. D’évidence, ces temps-là sont passés.

Pour faire une comparaison, j’ai considéré deux petits diocèses bien plus performants pour le recrutement. À Wichita (Kansas), dix ordinations en 2017 ; à Lincoln (Nebraska), cinq nouveaux prêtres. Le diocèse de Wichita compte environ 120 000 catholiques, celui de Lincoln environ 95 000. Ainsi donc, deux petits diocèses comptant en tout 215 000 catholiques ont ordonné moitié autant de prêtres que cinq grands archevêchés comptant douze millions et demi de catholiques. Comment ceci se peut-il ? Comment deux petits diocèses échappent-ils à la crise des vocations alors que les plus importants archevêchés de notre pays sont confrontés à un épouvantable problème ?

Il n’y a guère de réponse simple à ces questions. Néanmoins on pourrait imaginer que la Conférence des évêques des USA se mobiliserait pour étudier le problème. Que peut-il y avoir de plus important pour l’avenir de l’Église catholique dans les grands centres urbains, comment comprendre pourquoi elle échoue à susciter assez de vocations ? Un bon coup d’œil sur les petits diocèses donnerait sans doute un bon départ. Il montrerait peut-être efficacement le chemin à suivre par les grands diocèses.

Un peu de bon sens suggérerait au moins quelques pistes susceptibles de mettre en évidence de grandes différences. Un exemple : j’ai scruté ces deux petits diocèses non seulement parce qu’ils incitent à nombre de vocations, mais aussi en raison de la bonne renommée de leurs écoles catholiques, réputées pour leur catholicisme, mais également abordables pour la plupart des familles catholiques. Un exemple : depuis des années, le diocèse de Wichita offre la quasi-gratuité de scolarité, grâce à l’aide d’un système de subventions des paroisses dont toutes les familles — aisées, moyennes, pauvres — peuvent bénéficier.

Dans les grands archevêchés, et la plupart des diocèses, le système de scolarité a rendu difficilement accessibles les écoles pour les familles peu aisées et les familles nombreuses. C’est ce que craignaient les évêques lors du Troisième Concile de Baltimore, qui décidèrent que les écoles catholiques soient accessibles à tous grâce à un mode de financement. Pour la plupart, les évêques n’étaient guère favorables à un système de scolarité payante pour les écoles.

En même temps, on peut sérieusement s’interroger sur l’authentique souci d’enseignement catholique dans les écoles des grands archevêchés, et même des petits diocèses. Combien de ces écoles contrôlent le recrutement des enseignants pour s’assurer qu’ils pratiquent eux-mêmes avec ferveur ? Les élèves formés dans une école soumise à une règle religieuse pour la forme, à l’eau claire, et qui sentent que certains ou nombre de leurs maîtres n’approuvent pas la doctrine de l’Église ou ne pratiquent pas leur religion, sont certainement peu enclins à rejoindre les catholiques d’où émergeront les vocations religieuses. Alors, il faudrait voir combien de diocèses insistent pour qu’être enseignants dans une école catholique, les diplômés soient de fidèles catholiques pratiquants.

Autre élément tiré de ces deux petits diocèses : ils ont eu une succession d’évêques personnellement très impliqués en faveur d’un enseignement catholique de qualité et abordable, et, à un certain degré, soucieux des programmes suscitant des vocations. Bien sûr, c’est plus facile dans des diocèses de petite taille, mais en raison à présent du petit nombre de candidats dans les grands archevêchés, il est fort possible que la situation s’améliore. Le premier évêque de mon diocèse, Mgr Thomas Welsh, était fort impliqué dans le renforcement du curriculum religieux dans les écoles dont il prit la charge, et il était très directement soucieux du programme des vocations. Il avait été recteur du grand séminaire de Philadelphie et comprenait fort bien les besoins des jeunes étudiant en vue de la prêtrise — y-compris des contacts personnels réguliers et du soutien de leur évêque. Ce qui explique que le diocèse d’Arlington ne souffre pas de pénurie de vocations.

En conclusion, alors que l’environnement social des grandes zones métropolitaines est néfaste pour la foi, et que l’Église est peu armée pour contourner cette situation, il reste certainement un domaine où l’Église peut intervenir. Voyez les taux de natalité catholiques dans les petits diocèses, en comparaison avec les grands archevêchés, et la dimension des familles d’où sont issues les vocations dans ces petits évêchés. À présent, dans les grandes zones métropolitaines, les familles avec un ou deux enfants, même Hispaniques, semblent la norme. Est-ce insensé de croire qu’elles préfèrent avoir des petits-enfants plutôt qu’un prêtre dans leur descendance ?

Il se peut, dans les grandes agglomérations, que les églises ressentent le silence relatif des évêques et du clergé sur les méfaits de la contraception. Une simple idée ? Mais qui mériterait d’être creusée pour transformer les questions d’importance vitale pour les missions de l’Église, évangélisation et appel de grâces sacramentelles, dans un monde qui, en manquant, bredouille lamentablement.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/11/28/the-continuing-vocation-crisis-in-the-united-states/

Photo : Monseigneur Carl Kemme célèbre la Messe à Wichita avec les prêtres nouvellement ordonnés.