Ce qui arrive au confessionnal est œuvre de la grâce aussi bien pour le pénitent que pour le prêtre. Humilité et vérité collaborent dans les âmes à la fois de celui qui dit ses péchés et du prêtre qui écoute et qui ensuite administre le divin sacrement du pardon. Le pécheur admet ses fautes et cherche à être purifié par la grâce de Dieu. Il est humiliant de reconnaître le mal que l’on a fait – un moment de vérité pour dire ces péchés au prêtre. Le prêtre est aussi humilié : il n’est l’instrument du pardon de Dieu que par le fait de son ordination à la prêtrise.
Son jugement du caractère pécheur de ce qu’il entend dépend non de ses spéculations mais de la loi que Dieu nous a donnée et qui est enseignée par l’Église. Son comportement et ses avis peuvent, ou non, consoler ou renforcer le pénitent, mais le pénitent n’est pas vraiment là pour cette raison. Il est là pour être absous par un prêtre que souvent il ne connaît pas personnellement, et qui est en fait une nécessaire mais secondaire figure dans cette rencontre.
Le Christ pardonne par le prêtre, et c’est cela qui importe à la fin. Le prêtre ne peut pas être choqué de découvrir qu’au confessionnal ce qui importe, ce n’est pas lui ou ses réalisations et son éducation. Tout ce qui importe, c’est qu’il est un prêtre qui fait ce que Jésus Christ veut qu’il fasse, c’est-à-dire absoudre les pécheurs repentants dans le sacrement de pénitence.
L’expérience au confessionnal me conduit à poursuivre ma réflexion sur la présente crise de l’Église. Les gens attendent des évêques et des prêtres qu’ils fassent ce que Jésus veut, et qu’ils enseignent exactement les mêmes choses que ce qu’il a enseigné aux apôtres. Les prêtres et les évêques sont envoyés par l’Église pour procurer à tout homme qui le veut les grâces de la vérité et du salut. C’est leur fidélité absolue qui est attendue à la fois par Dieu et par les hommes.
Tout autre chose est imposture. Dans notre monde déchu, nous connaissons des gens, spécialement nous-mêmes, à qui il arrive parfois de ne pas vivre en accord avec leurs devoirs. Cela devrait nous conduire à être miséricordieux et patients. Mais cela devrait aussi de garder un œil pour ceux qui font mauvais usage de leur autorité en tentant de cacher leurs mauvaises actions, toujours les mêmes, et en prétendant ensuite être innocents alors qu’ils connaissent parfaitement bien leur faute.
Les mensonges et la mauvaise foi sont une disgrâce dans toutes les situations humaines, mais spécialement dans la prêtrise.
Tous les prêtres et évêques qui commettent des violences sexuelles sur des mineurs sont des loups en habits de bergers, qui doivent être punis et écartés de la prêtrise. Le même traitement s’applique à ceux qui qui évitent aux violeurs d’être découverts et poursuivis, en leur permettant d’autres occasions de commettre d’autres crimes plus tard.
Les prêtres et les évêques qui commentent des actes sexuels immoraux en compagnie d’adultes, spécialement des actes contre-nature, sont de la même façon des délinquants qui devraient être punis et privés des moyens de commettre de nouveaux actes immoraux, y compris en les écartant du sacerdoce dans des circonstances particulières. La défense de la justice de Dieu exige un châtiment rigoureux pour de telles et si graves offenses.
Le laxisme et la pseudo-pitié donne à l’offenseur l’impression que ses crimes ne sont pas des péchés mortels méritant le châtiment éternel. Les fidèles, quand ils apprennent les clauses confidentielles et la manière dont les prédateurs sont tranquillement déplacés ailleurs, sont dégoûtés par ce qui est véritablement un racket protégé. Le message que l’on en déduit, c’est que les prêtres et les évêques peuvent se tirer d’horribles crimes puisqu’ils ont des amis haut placés.
Ce qui m’amène au cas de l’ex-cardinal McCarrick. Le récent argument de l’archevêque Carlo Maria Vigano que McCarrick devrait pour le salut de son âme et le bien de l’Église se purifier est une admonition parfaitement bonne et sainte. Les faits dans le domaine public ne laissent aucun doute sur la culpabilité de Mc Carrick pour de nombreux crimes graves. A 84 ans il est proche du jour du jugement. La chose remarquable ici est que le silence de McCarrick depuis sa démission du collège des cardinaux a largement passé sans discussion ou même sans être remarqué par ses collègues évêques
A la place nous avons eu ou bien un silence de mort ou une série de protestations prétendant que personne ne savait rien. Quand Vigano courageusement a révélé ce qui avait été connu et fait à propos des graves actes immoraux de McCarrick, les clercs qui étaient au courant ont gardé le silence. Seuls les documents d’accusation qui d’une certaine façon mettent cela en pleine lumière ont témoigné de cette réalité : la turpitude de McCarrick a été couverte par ceux qui auraient pu mettre un terme à cette affreuse charade.
En juillet 2018, il fallait à McCarrick une intervention des chefs de la hiérarchie américaine pour le forcer à faire face à ses victimes et au grand public, et faire amende de ses crimes et de sa monumentale imposture. En démissionnant simplement du collège des cardinaux et en obéissant à l’ordre du pape de vivre dans un monastère, il n’a rien fait pour réparer le dommage qu’il a fait à ses victimes et à l’Église entière.
Son silence était manifestement une tactique d’évitement qui aurait dû être critiquée par ses collègues évêques. La défaillance des cardinaux américains qui ne se sont pas opposés à lui, d’abord en privé ensuite en public, a été un mauvais service rendu à la vérité. Le procès ecclésial pour juger sa culpabilité ou son innocence est largement une formalité, étant donné ce que nous savons. Après un long délai, il a été maintenant expédié en vue de la rencontre de février prochain au Vatican sur les violences sexuelles faites aux mineurs. Mais le délai nous rappelle que la pression publique semble la seule chose qui produise une action décisive quand il s’agit de violences sexuelles et de protections épiscopales.
Vigano, en appelant McCarrick à se repentir et à faire un aveu public de ses fautes, met toute cette dégoûtante réalité dans une vraie perspective. Les évêques et les prêtres ont besoin de se rappeler qu’ils sont les instruments de la vérité, de la miséricorde et de la justice de Dieu aussi bien en dedans qu’en dehors du confessionnal. Ceux qui sont chargés de l’autorité du Christ doivent agir comme des ministres de la justice de Dieu, ce qui signifie révéler et punir les clercs qui commettent d’horribles crimes. Ce peut être une responsabilité terrible, mais qui ne doit pas être plus longtemps esquivée, pour le bien des âmes – spécialement des leurs propres.
20 janvier 2019
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https://www.thecatholicthing.org/2019/01/20/crime-and-punishment-for-the-good-of-souls/
Le Révérend Gerald E. Murray, J.C.D. est docteur en droit canon et pasteur de l’église de la Sainte-Famille à New York City.