Crèches de Noël, laïcité et bonne foi - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Crèches de Noël, laïcité et bonne foi

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Crèche provençale à Nîmes

Crèche provençale à Nîmes

CC by : Jean-Louis Zimmermann

À l’occasion d’une controverse sur la légitimité d’exposer ou non des crèches dans les mairies au moment de Noël, Eric Conan écrivait il y a quelques années (dans Marianne n° 973) des choses justes, qu’il convient de rappeler, en particulier ceci : «Les crèches installées dans les mairies, n’ont rien de traditionnel», mauvaise foi donc que de le prétendre… – Et encore: «La Nativité, ce n’est pas rien. C’est le cœur du christianisme. Dieu fait homme, et d’abord petit enfant vulnérable, sur la paille». La crèche a une indéniable signification religieuse. Il est donc compréhensible que des «conservatoires» de la laïcité, comme l’AMF (l’association des maires de France dans leur «guide de la laïcité»), ou d’autres veilleurs jaloux de la laïcité recommandent de les bannir de l’espace public officiel.

Cependant, ceux qui, au delà de l’acceptation de la laïcité, défendent l’exposition de crèches dans les mairies ou en d’autres espaces publics doivent faire valoir les simples considérations de bon sens que voici : tant que ces dernières n’auront pas été admises et intégrées par l’opinion, la polémique entre les pour et les contre n’aura pas lieu de s’éteindre…


• La société et les pouvoirs publics censés la conduire se sont emparés depuis longtemps d’une fête chrétienne, Noël, et, l’ayant dépouillée de son contenu expressément religieux, la célèbrent publiquement à leur façon : festive, plus ou moins artistique, humaniste et joyeuse, mais aussi commerciale (souvent dispendieuse), bruyante et voyante. Or voici que pour des raisons de laïcité, on voudrait interdire aux chrétiens d’en montrer – monter – publiquement l’un des symboles les plus populaires, la crèche, qui manifeste simplement et sans complexe le sens réel de cette fête qui leur appartient au premier chef…!

• La crèche est un emblème religieux incontestable, oui ! En harmonie avec la fête de Noël dont elle est devenue une expression à la fois cultuelle, évidemment, mais aussi culturelle et sociale, c’est à dire valable pour le grand nombre.

Si l’on veut être laïque, strictement laïque, il faudrait supprimer aussi, tant qu’on y est, la fête de Noël ! Pourquoi pas ? Et toutes les fêtes d’origine religieuse dans notre pays, et Dieu sait s’il y en a. Car quelle est l’origine de cette fête ? N’est-elle pas religieuse essentiellement ? du moins depuis que l’Église, «opportuniste», a réussi à supplanter – et plus ou moins éclipser – l’antique célébration païenne du solstice d’hiver par la fête de la Nativité : les jours s’allongent au moment où Jésus naît ; le Soleil de Justice dissipe les ténèbres. Que sa célébration soit redevenue peu à peu profane pour beaucoup sous le label : «les fêtes de fin d’année…», c’est à dire qu’elle se soit éloignée de son sens religieux, n’empêche pas :

• qu’elle demeure religieusement marquée, que ça plaise ou pas.

• et que, paradoxalement, elle fait partie des fêtes chômées et célébrées en République laïque et dans beaucoup d’autres pays du monde. (Allez dire à la population, que pour cause de laïcité, on va supprimer carrément la fête de Noël…)

Et même si le contenu religieux est effacé ou qu’il est perdu de vue, la fête demeure, confusément ou explicitement, comme une fête privilégiée de l’enfance (les cadeaux), l’enfance démunie en particulier, de la famille, de la solidarité entre les hommes, de la paix possible et souhaitée entre les peuples (pensons aux trêves de Noël…), et surtout de la joie et de la lumière. Et cet abondant symbolisme, la crèche est capable de l’exprimer aux yeux de tous, croyants et non croyants.

• Si, par souci de neutralité laïque, l’on refuse de parler des «racines chrétiennes de la France et de l’Europe» (qualification absente de notre Constitution et de celle de l’Union Européenne), que l’on reconnaisse néanmoins lucidement que des fêtes chrétiennes et le christianisme ont modulé notre calendrier et pas seulement cela, mais aussi imprégné nos racines et modulé divers domaines de notre patrimoine : notre patrimoine architectural d’abord, notre littérature, nos arts, notre langage (certaines de nos expressions), nos coutumes, nos mœurs, notre vivre ensemble…

• Alors, que l’on raye le contenu explicitement religieux chrétien de la fête de Noël, qu’on l’ignore, qu’on l’oublie…, qu’on ne donne à celle-ci aucune signification confessionnelle transcendante dans l’espace public qui soit susceptible de diviser, soit.

Mais il est stupide et malhonnête de vouloir effacer, supprimer, bannir ce que la crèche est capable d’exprimer à tous, au simple plan humain (que les chrétiens habitent de surcroît par leur foi) à savoir : des valeurs morales et culturelles s’enracinant très profondément dans notre histoire et dans l’histoire de l’humanité ; et à quelques autres touchés, mais demeurant perplexes, par une vague aspiration religieuse : une sorte de rencontre mystérieuse entre le ciel et la terre…

• On ne va tout de même pas interdire aux chrétiens, branchés sur l’origine de cette fête devenue laïque et universelle, qui en détiennent le fil conducteur religieux et y sont fermement attachés – fête chômée dans le pays et qui saisit quelque chose de sa substance ou de son aura – par le déploiement d’illuminations, de réjouissances familiales et sociales, de gastronomie et de festive consommation – de s’y référer publiquement et de faire valoir et de montrer avec ferveur, art et modestie l’un de ses emblèmes populaires les plus parlants et les plus fameux : la crèche !