La semaine dernière, une formule biblique, tirée de l’Ecclésiaste, m’était revenue en tête : « Il y a un temps pour tout, sous le soleil. » C’est là une formule de grande sagesse qui nous conseille, au fond, de bien ordonner nos vies, de faire place à tous nos soucis, à tous nos devoirs, en sachant concevoir une saine disposition du temps. Ce qu’on appelle dans une formule qui a une saveur théologique : une économie du temps. Mais parfois, on est décontenancé par des événements qui se court-circuitent et auxquels il nous faut prêter attention simultanément, au risque d’être déstabilisé. C’est un peu la loi de l’information moderne, renforcée par les vecteurs nouveaux qui nous assaillent, par exemple les chaînes continues d’information. Nous étions en train d’assimiler les résultats de nos élections municipales, lorsqu’est survenue la nouvelle à propos de la disparition du Boeing malaisien dont on ignorait le sort depuis quinze jours. Il n’y avait plus de doute, l’avion s’était abîmé dans l’océan Indien et il n’y avait aucun survivant. Du coup, toutes nos chaînes d’information se concentraient sur la tragédie, et nos élections municipales étaient comme passées à la trappe. Le temps électoral avait cédé devant le temps tragique et il fallait bien s’incliner. Ce n’était d’évidence, que partie remise : dans quelques heures nos médias se renflammeraient pour la joute NKM-Anne Hidalgo et les divers duels ou triangulaires de dimanche prochain.
J’ai envie d’ajouter un troisième terme, au risque d’aggraver le court-circuitage. Le week-end dernier, c’était aussi le huitième centenaire de la naissance de Saint Louis, avec une très belle translation de la Couronne d’épines de Notre-Dame à la Sainte-Chapelle et à Poissy. Ne convenait-il pas de ménager une place à cette commémoration sui generis ? Loin de nous embrouiller, n’était-elle pas le moyen d’accéder à une autre dimension, susceptible de donner un sens qui transcende tous les moments de notre existence ? C’est aussi le cas aujourd’hui, puisque nous fêtons l’Annonciation !
