Côte d'Ivoire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Côte d’Ivoire

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Laurent Gbagbo arrêté par les troupes de Ouattara, le 11 avril, après que les forces françaises avaient investi le palais présidentiel, l’événement est considérable en lui-même et par les conséquences qu’il aura. Il convient bien sûr de rester prudent, car nous ignorons comment la situation évoluera. Mais on ne peut s’empêcher de poser d’ores et déjà quelques questions, ne serait-ce qu’en se référant aux jugements des personnes les mieux informées. Il y a évidemment une position simple qui consiste à prendre acte de la légitimité du président Ouattara, confirmée par la communauté internationale. Laurent Gbagbo se trouve alors coupable de rébellion à l’égard de l’autorité régulièrement instituée et il porte la seule responsabilité du conflit qui embrase son pays et aboutit à l’intervention de l’ONU et de la France.

Malheureusement, les choses ne sont pas aussi simples. Et il faut se méfier des analyses unilatérales où l’évidence du droit s’impose, avec la légitimité de la force pour l’appuyer. Car objectivement, la situation de la Côte d’Ivoire est une situation de guerre civile, avec l’opposition frontale de deux camps, qui disposent chacun d’un appui populaire. Si Gbagbo avait été un homme seul, comme Ben Ali en Tunisie, son départ n’aurait guère posé de problèmes. Dans le cas ivoirien, il apparaît évident que le pays est tragiquement déchiré et que la défaite d’un camp ne signifie nullement la fin des hostilités, et encore moins la réunification morale profonde d’un peuple. La France en procédant elle-même à la prise du palais présidentiel et en permettant aux forces de Ouattara de s’assurer de la personne de l’adversaire, a sans doute été bien au-delà de ce qu’elle envisageait et de ce qu’elle souhaitait.

Sans doute est-ce l’extrême tension qui régnait à Abidjan et le chaos de l’immense agglomération qui ont entraîné la décision. La résistance acharnée de Gbagbo et des siens ne pouvait être jugulée par l’autre camp. Mais cet aboutissement ne peut vraiment satisfaire personne. Il ne s’agit pas de victoire, car la véritable bataille reste à gagner, qui est celle de la paix et de la réconciliation d’un pays déchiré.