Copenhague après Paris - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Copenhague après Paris

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Après Paris, Copenhague. Les mêmes procédés, la même rage déterminée. Malheureusement, on ne peut s’en étonner. Il ne suffit pas d’une grande marche conjuratoire pour mettre fin à un pareil phénomène, dont l’ampleur est mondiale et dont les racines plongent profondément dans une sorte de névrose intellectuelle et spirituelle. Il en a existé d’autres exemples dans l’histoire. Nous nous sentons tragiquement impuissants face à un mal qui se développe aussi dans nos murs, tout près de chez nous. Je ne puis m’empêcher de penser à la fameuse formule de notre pape François, sans cesse à nous recommander de nous rendre « aux périphéries ». L’expression est métaphorique à souhait. C’est d’ailleurs son avantage. Elle nous oblige à chercher autour de nous ceux qui vivent loin de nous, matériellement ou spirituellement.

Nos djihadistes armés de kalachnikovs sont surement sur nos périphéries. C’est cela qui rend les choses singulièrement irritantes. Nous concevons qu’un tel phénomène se déploie dans des contrées lointaines où les champs d’action s’ouvrent à des affrontements sanglants, comme en Afghanistan, en Syrie, en Irak, en Libye, au Nigeria. Mais chez nous ? Nous qui vivons dans une société structurée par le droit, les institutions les mieux régulées, l’école éducatrice des esprits. Et bien ! non, cela ne suffit pas ! On en est même à se demander si notre système scolaire n’est pas à revoir de fond en comble. Est-ce suffisant, est-ce même la question ?

La question, cela va peut-être étonner, mais je la vois admirablement posée par un de ceux qui furent assassinés avec ses amis de Charlie Hebdo, l’économiste Bernard Maris. Drôle d’économiste qui se moquait des économistes et qui a écrit un petit livre admirable sur Michel Houellebecq1, où il détecte de la façon la plus sure la maladie profonde de notre civilisation qui engendre ces révoltés. Ces révoltés qui tuent à Paris et à Copenhague. Je lui laisse le dernier mot : « Le désir fou d’argent, qui n’est qu’un désir d’allonger ce temps, est enfantin et nuisible. Il nous fait oublier le vrai désir, le seul désir adorable, le désir d’amour. »

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 février 2015.

  1. Houellebecq économiste, Flammarion.