Dans son homélie, prononcée dimanche soir à Notre-Dame de Paris, Mgr Michel Aupetit est intervenu directement sur les scandales qui atteignent l’Église. Il n’a pas hésité à reprendre l’expression « tous pourris » employée souvent d’ailleurs à tort contre la classe politique. L’archevêque de Paris a voulu simplement expliquer, à partir de la Sainte Écriture, que l’Église n’était pas étrangère à la réalité du péché, qui pouvait aussi l’atteindre, voire la corrompre. « Contre toi seul j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait. » Traditionnellement, le psaume 50 est mis dans la bouche du roi David, se repentant de son crime atroce. Sans cette dimension de la faute reconnue comme rupture avec l’amour de Dieu, l’Église n’a rien de fondamental à exprimer, sauf à se rallier aux canons de la justice ordinaire. C’est pourquoi le Pape a tenu à rappeler aux présidents des conférences épiscopales qui l’entouraient qu’il ne convenait pas de s’en tenir à une attitude « justicialiste » face aux scandales des abus sexuels, mais de les envisager avec le regard de pasteurs éclairés par la foi.
Les associations de victimes qui se sont dites déçues des résultats de cette rencontre n’ont sans doute pas été sensibles à cette dimension et on peut les comprendre. Sont-elles pour autant fondées à déclarer que l’occasion a été ratée, parce que les décisions fondamentales n’ont pas été prises « en faveur de la tolérance zéro dans le contexte de prise de conscience de l’humanité » (François Devaux, président de La Parole libérée) ? Mais le détail circonstancié des décisions nécessaires n’était pas contenu dans le discours conclusif du Pape. Il le sera dans les mesures concrètes qui seront annoncées dans plusieurs documents en cours d’élaboration. Il faudra un certain temps pour qu’elles entrent dans les faits, en fonction des contextes culturels divers des Églises particulières. Il est arbitraire de prétendre que rien n’aurait été décidé. L’Église catholique est la seule institution au monde qui ait pris conscience de la gravité du mal et mobilisé ses énergies pour en venir à bout.
Car le mal est universel. Le Pape a eu amplement raison de le rappeler, à l’encontre d’une information sélective qui donne le sentiment d’avoir fait de l’Église catholique le lieu privilégié de la perversion. Plût au Ciel que la détermination de François entraîne des initiatives analogues dans les autres secteurs de la société ! Par ailleurs, on n’oubliera pas non plus l’hommage rendu à l’ensemble des prêtres du monde, bons serviteurs de l’Évangile. Car il n’est pas vrai qu’ils soient tous pourris. En dépit de l’ignominie du scandale, continue de briller une aspiration à la sainteté, qui seule est en mesure de défier la puissance du mal.