Contre le «modernisme», le retour aux sources - France Catholique
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Contre le «modernisme», le retour aux sources

Face à la «critique moderniste», l’Église n’a pas seulement adopté une indispensable posture défensive : elle a également utilisé les armes de la raison pour les remettre au service de la foi.
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© Antoine Mekary / Godong

La publication de l’encyclique Pascendi Dominici gregis par saint Pie X le 8 septembre 1907 ne mit pas un terme à cette nouvelle hérésie dénommée « modernisme » qui minait l’Église depuis des années. Mais cet acte magistériel solennel eut le mérite d’avertir les âmes, naïves ou peu instruites, du danger qu’elles pouvaient courir en suivant sans discernement les idées à la mode, transmises et enseignées par certains membres du clergé les plus en vue. Les décennies qui suivront, jusqu’à notre époque, montreront à quel point cette erreur funeste est difficile à déraciner. Cependant, certains théologiens et historiens essayèrent de réagir et d’ailleurs, ils n’attendirent pas la condamnation pontificale car ils avaient compris que, sous couleur d’adaptation innocente, la déviance était perverse et risquait de toucher au dogme lui-même.

D’où, en ces temps troublés, un attachement renouvelé à l’autorité pontificale, gardienne de la vérité de la doctrine et, dans le même temps, une exigence accrue en ce qui concerne les études théologiques avec, notamment, un extraordinaire élan thomiste. Pendant presque trente ans après cette condamnation pontificale, les serviteurs de l’Église auront à cœur d’être vigilants, pas seulement sur la défensive mais aussi dans l’offensive, et ils s’attacheront à développer bien des réalités locales très concrètes, à savoir les études historiques et archéologiques régionales pour lesquelles le clergé séculier fut un fer de lance unanimement reconnu.

Colmater les brèches

En France, on aurait pu croire que la tuerie de la Grande Guerre aurait étouffé les polémiques et mis un terme aux querelles. Il n’en fut rien. Comme l’histoire, notamment celle de la composition des Saintes Écritures et celle de l’hagiographie, était un vecteur essentiel de l’hérésie, il fallait essayer de colmater les brèches en redonnant à ces deux domaines à la fois la méthode « scientifique » et la fidélité à la foi. Mgr Louis Duchesne, figure de proue du modernisme historique, même s’il se tira toujours habilement des mailles du filet, devait être contré dans son entreprise de sape.

Une grande histoire de la France chrétienne vit ainsi le jour grâce aux multiples travaux des curés dans leurs paroisses, édifiant une Gallia christiana impressionnante. Les rayons des bibliothèques de nos grands-parents étaient riches de ces publications savantes qui contribuèrent à remettre « l’église au centre du village ». Un homme comme l’abbé Henri Bremond, ancien jésuite, bien que proche de certaines figures modernistes, apporta sa pierre à l’édifice en s’intéressant au sentiment religieux, terrain non fouillé jusque-là. Son Histoire du sentiment religieux dans la France du XVIIe siècle, inachevée, ouvrira des horizons nouveaux et fera redécouvrir une période presque oubliée et pourtant si prestigieuse pour le catholicisme français. L’histoire de l’art, avec l’immense figure d’Émile Mâle, traça aussi une voie unique : celle de la foi illustrée par l’iconographie. Les instruments « scientifiques » des modernistes s’émoussaient sur de tels monuments et leurs utilisateurs s’y ébréchaient les dents.

La foi, une vérité absolue

Comme la spiritualité était un domaine qui pouvait panser les dégâts causés dans d’autres domaines, il n’est pas étonnant de retrouver sur le front ceux qui sont les dépositaires et les gardiens des trésors de la vie intérieure : les contemplatifs. Ces derniers croient que la foi affirme bien une vérité absolue qui n’est pas soumise aux modes des temps, aux méthodes changeantes des sciences. Ils le croient parce qu’ils le vivent jour et nuit. Une figure comme celle de Dom Chautard, abbé de Sept-Fons, sera déterminante pour redresser la barre par le canal de l’intériorité. Le relativisme, le manque de discernement et le pluralisme ne sont pas le paysage familier du moine.

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