Le parlement européen devait se saisir hier d’une résolution sur le généricide. Le mot peut désorienter. Que signifie ce néologisme, fabriqué à partir du mot fétiche du moment qu’est le genre ? Généricide, c’est simplement l’élimination d’un genre, et plus précisément du genre ou du sexe féminin. Ce n’est pas une menace en l’air, car il s’agit d’une pratique à l’échelon mondial, qui consiste à éliminer les filles au moyen d’un avortement ciblé sur le genre féminin. Ou encore, si l’on veut, d’un avortement sélectif qui permet de choisir qui l’on désire voir vivre, ou voir disparaître. Il est vrai, malheureusement, que sur certaines aires culturelles, l’éventualité de la naissance d’une petite fille est mal reçue, et que le généricide correspond à une tendance sociale. Mais en Occident même, il peut arriver qu’une mentalité insidieusement eugéniste aboutisse à des demandes précises en matière de sexe ou d’autres caractéristiques physiques.
Si le parlement européen décide de lutter fermement contre cette discrimination insupportable, on ne pourra que l’approuver avec conviction. On sait qu’une lutte sans merci oppose depuis longtemps les différentes sensibilités politiques sur les questions de bioéthique et sur les structures familiales. Si cela pouvait permettre une prise de conscience des enjeux supérieurs des débats qui font rage en Europe, ce serait un premier pas significatif. La fondation Jérôme Lejeune, du nom du grand généticien français, est à l’avant-garde des luttes contre l’eugénisme sélectif. Dans un communiqué, elle insiste sur les amendements cruciaux qui accompagnent la condamnation du généricide. Il n’existe aucun droit humain international à l’avortement et au choix du sexe d’un enfant. Chaque enfant à naître a donc un droit à être protégé. De même, le droit à l’objection de conscience en matière d’avortement doit être garanti au personnel médical. Enfin, il y aurait lieu de revenir sur la généralisation de la sélection prénatale, qui est bien le signe que la mentalité eugénique est malheureusement ancrée dans notre culture moderne.
Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 9 octobre 2013.
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