J’accordais hier un bon point à Emmanuel Macron pour sa lucidité face à la dérive ethniciste d’un secteur important des sciences sociales. C’est quand même nécessaire d’être lucide, au sommet de l’État, sur des enjeux de société étroitement liés à des impératifs anthropologiques. Malheureusement, je suis dans l’obligation de contrer vigoureusement la loi de bioéthique qu’il veut faire voter au plus vite par le parlement, et loin des remous de l’opinion publique, car les impératifs anthropologiques qu’elle bafoue sont d’une exceptionnelle gravité. Leur déni est d’ailleurs en étroite correspondance avec une évolution intellectuelle, dont on ne mesure pas assez combien elle défie les normes de la raison, en atteignant notre dignité humaine. Il m’est arrivé, à plusieurs reprises, de mentionner à ce sujet l’essai extrêmement important de Jean-François Braunstein intitulé La philosophie devenue folle (Grasset).
J’espère que parmi les conseillers du président de la République quelqu’un pourra attirer son attention au moins sur le message de ce livre très informé sur un courant parti encore des universités américaines, et qui exerce ses ravages jusque chez nous, depuis quelques années. Si l’on hésite plus dans les pays occidentaux, à transgresser les normes, qui jusqu’alors structuraient notre civilisation, c’est notamment aux études de genre que nous le devons. Études qui font de l’identité sexuelle une construction arbitraire et ôtent toute signification à la différence homme/femme. D’où l’incroyable obsession à propos de la transsexualité dont témoignent des journaux comme Le Monde et Libération. Mais il n’y a pas que la différence sexuelle qui soit en cause. Le même courant transgresse aussi la différence homme/animal et affirme l’indignité de vivre à ceux qui ne correspondent pas à ses critères. D’où une autre obsession tenace, celle de l’euthanasie.
La volonté de faire passer, comme en cachette, la nouvelle loi de bioéthique correspond à une adhésion à cette subversion absolue de nos normes civilisatrices. L’archevêque de Paris était donc parfaitement fondé à énoncer, dans Le Figaro de mardi, une protestation solennelle contre cette décision qui entend profiter de la parenthèse estivale pour faire passer un ensemble de dispositions qui touchent à l’essence même de notre humanité. Pour notre part, impossible de nous démobiliser alors que l’on veut nous imposer des dispositions injustes et absurdes.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 juillet 2020.